De Lutèce à Jérusalem, en passant par Constantinople, la fresque époustouflante d’un siècle qui bouleversa l’Orient et l’Occident.
Les livres d’histoire sont quelque fois rébarbatifs. Un essai « sérieux » se doit d’être truffé de dates et de notes en bas de pages, de citations et de références bibliographiques. François Tallandier, dans cet ouvrage, a la très bonne idée d’user de la liberté du romancier pour nous faire revivre une période riche et complexe dont les événements marquent encore de leur empreinte l’état du monde actuel.
Pour aborder ce siècle (du milieu du VIIe au milieu du VIIIe), l’auteur choisit de faire le portrait d’une série de personnages ayant marqué leur époque: Heraclius, empereur romain d’Orient et Dagobert, maître des royaumes francs. Mais également le calife Omar, deuxième successeur de Mahomet, qui entra dans Jérusalem ou encore Charles Martel qui repoussa les Arabes à Poitiers. L’auteur nous fait le portrait de ces hommes qui ont marqué leur époque en s’appuyant sur des données historiques connues mais en leur prêtant les sentiments fondamentaux de tout être humain: le doute, la peur, l’amour, l’orgueil…
Nous assistons aux dissensions, déchirements et tentatives d’unification du royaume des Francs, dont les véritables dirigeants sont les maîtres du palais. Ceux-ci, représentés par la famille des « Pépin », donneront naissance à l’empire des Carolingiens.
A la même période, l’Islam conquérant étend son emprise vers l’Ouest. Jérusalem ouvre ses portes au calife Omar qui donne l’autorisation aux chrétiens et aux juifs de vivre et pratiquer leur religion librement. Les combattants d’Allah poursuivent ensuite leur conquête en Afrique du Nord. Après avoir assis leur position en Espagne, ils remontent vers Narbonne et Toulouse avant d’être arrêtés à Poitiers par Charles Martel, le « marteau de Dieu ».
Ce « roman-essai » nous livre également une réflexion sur l’écrit, sur l’importance et la puissance du livre pour fixer et perpétuer les lois et l’histoire d’un peuple. Omar sera à l’origine du Coran, tandis que Frédégaire, le moine historien (sous ce nom se cacheraient diverses sources), se fait le chroniqueur des royaumes francs.
Bref, un récit absolument passionnant, sublimé par la plume élégante et enlevée du romancier. Il allie avec succès le souffle épique aux recherches de l’historien.
Mariel LEJEUNE – Librairie CDD Namur
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François TALLANDIER, « La croix et le croissant ». Ed. Mon Poche, 296 pages, 8,50€ (+ 2,85€ frais port) – Remise de 5% pour les lecteurs de Dimanche sur présentation de cet article.