Le 9 novembre, la plupart des nations qui composent l’Union européenne ont célébré la chute du Mur de Berlin. Celui qu’on a surnommé le « mur de la honte » a séparé – contre le gré des peuples – les parties occidentales et orientales du Vieux Continent. Héritage du conflit le plus sanglant du XXe siècle qui a laissé l’Europe exsangue et fait l’objet d’un partage d’influence entre grandes puissances.
Mais le 9 novembre 1989, le vent de l’Histoire souffle. Tous ceux qui ont vécu cette journée gardent en tête les images de milliers d’Allemands de l’est, citoyens de ce qui était encore la RDA (République démocratique d’Allemagne) communiste, traversant le mur ou celle du violoncelliste russe Mstislav Rostropovitch jouant au pied de celui-ci sur lequel des manifestants avaient grimpé pour faire éclater leur joie.
Depuis la fin de cette séparation, le Vieux continent a retrouvé la paix et s’est unifié. Un chemin pas facile, récompensé en 2012 par l’attribution du Prix Nobel de la paix, en tant que personne morale, précisément pour l’ensemble de ses actions en faveur « de la paix et de la réconciliation, de la démocratie et des droits de l’homme en Europe ».
On a peu parlé du rôle que les Eglises ont joué dans cette chute « pacifique ». Le risque qu’elle se déroule dans un bain de sang était réel. Il n’en a rien été notamment parce que les Eglises, catholique d’une part, sous l’impulsion du premier pape polonais de l’Histoire, saint Jean-Paul II, mais surtout et protestante d’autre part, très active en ex-RDA, ont joué un rôle de modérateur vital
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Aujourd’hui, l’Union européenne bat de l’aile. L’euroscepticisme gagne du terrain, dans le sillage de cette tragi-comédie qu’est le Brexit. Les discours extrêmes, rejetant les étrangers et la construction européenne, prennent de l’ampleur. Il faut donc appeler à un sursaut européen. Les responsables politiques doivent oser recadrer ceux qui flirtent avec les extrêmes et qui, par petites touches, écornent nos valeurs démocratiques de libertés, d’accueil et de solidarité. C’est essentiel si on veut éviter un repli sur soi nationaliste et la fin du rêve européen.
La chute est plus que jamais un symbole. Dans l’Histoire, tous les murs ont fini par s’effondrer. Le temps est venu de construire des ponts et chacun(e) d’entre nous a un rôle à jouer.
Jean-Jacques DURRÉ
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