Parasite, Palme d’or du Festival de Cannes, est un brillant thriller dans lequel deux familles sud-coréennes s’affrontent. Cette satire sociale, oscillant entre humour et horreur, ne laissera personne indifférent.
Cette année, au festival de Cannes, plusieurs films se sont démarqués. Compétition oblige, un seul est reparti avec la Palme d’or. Nul doute, cependant, que Parasite, un explosif thriller sud-coréen méritait cette prestigieuse récompense. Qu’on aime le genre ou non, il ne devrait laisser personne indifférent. Car le réalisateur Bong Joon Ho met en scène deux familles que tout oppose pour nous parler de la société coréenne avec un ton unique, oscillant entre humour et horreur. A la demande de ce dernier, nous ne révélerons que les premières minutes de l’intrigue, pour laisser la surprise intacte.
La vie n’est pas simple pour la famille Ki-taek. Au chômage, les parents et leurs deux enfants vivent entassés dans un sous-sol, en véritables maîtres de l’art de la débrouille. La roue tourne le jour où le fils parvient à se faire engager pour donner des leçons d’anglais à la fille de la richissime famille Park. Pour situer le niveau, ce sont des personnes qui vivent dans une superbe maison moderne, avec une bonne à tout faire et un chauffeur personnel. Très satisfaits par les services du jeune homme, les parents lui demandent conseil car ils aimeraient trouver un professeur de dessin à leur fils. Les pauvres ignorent qu’ils viennent de mettre le doigt dans un engrenage infernal.
Personne n’est épargné
La confrontation de deux familles de classes différentes a déjà fait l’objet de plusieurs films ou romans. Cet écart entre riches et pauvres ne date effectivement pas d’hier. L’originalité de Parasite réside donc ailleurs que dans son thème, même si ce dernier semble encore plus criant de vérité à l’heure actuelle en Corée. Plutôt que de traiter du sujet sur le mode du réalisme social, Bong Joon Ho a décidé d’emprunter la voie de la satire. Tout au long du film, il distille ainsi un humour grinçant, n’épargnant aucun des huit personnages. La famille Park comme la famille Ki-taek sont malmenés avec une insolence jouissive. Mais si le réalisateur fait subir à ses personnages les pires traitements, ce n’est jamais gratuit. Derrière le côté thriller, on ne perd pas de vue la critique de la société que le cinéaste avait déjà entamée avec un de ses précédents films, Le Transperceneige. Son scénario très bien ficelé est donc parfaitement assaisonné, ne tombant jamais dans les excès du film de genre, ni dans la clownerie de la comédie.
Alors qu’un grand nombre de films asiatiques sont souvent difficiles à appréhender pour les occidentaux que nous sommes, Parasite tend à une universalité qui a convaincu le public venu des quatre coins du monde au festival de Cannes. Rythmé et interpellant, le film de Bong Joon Ho pose un regard critique sur le monde d’aujourd’hui et devrait faire réfléchir, tout en amusant. Il s’agit donc d’un grand film de cinéma dont on sort en se demandant, finalement, si nous-mêmes ne sommes pas le parasite de quelqu’un. A méditer…
Elise LENAERTS