De retour de Madrid où il a participé à aux journées de dialogue et de prière interreligieuses "dans l’esprit d’Assise", l’évêque de Liège se réjouit que l’action des religions puisse être efficace. "La Communauté de Sant’Egidio a facilité la paix en République Centrafricaine par exemple", dit Mgr Jean-Pierre Delville. "Le Président Faustin Archange Touadéra a fait preuve à Madrid de grande sensibilité pour la réconciliation dans son pays."
Ce n’était pas la première participation de Mgr Jean-Pierre Delville aux rassemblements de toutes les religions mondiales que Sant’Egidio organise chaque année dans une autre ville européenne : à Madrid il y quelques jours, à Rome en octobre 2020. Mais c’était bien la première fois à Madrid que la nécessité d’une réponse politique globale à la question écologique a été formulée avec tant d’insistance. "Nous avons discuté des nouvelles injustices nées parce-que les grandes industries détruisent la planète", dit l’évêque de Liège. "Il y a de plus en plus et il y aura à l’avenir encore davantage de migration due aux changements climatologiques."
Jeffrey D. Sachs, l’envoyé spécial du Secrétaire Général des Nations-Unies (cf photo ci-contre), a fait référence à Madrid à la phrase historique du saint Pape Paul VI qui en 1967 dans l’encyclique "Populorum Progressio" disait que "le développement est le nouveau nom de la paix". Aujourd’hui, "le nouveau nom de la paix est le développement durable", disait Sachs. Mgr Delville souligne non seulement les nombreux détails que le Professeur Sachs a donnés pour démontrer l’ampleur des défis dont on discutera à partir de cette nuit à New York, mais aussi "que les Nations-Unies forment le seul niveau de concertation et décision capable à répondre adéquatement aux nouveaux enjeux."
Place de la prière
A cause de la sieste des Madrilènes, la seconde session des carrefours a été entamée en fin d’après-midi et la traditionnelle prière pour la paix et cérémonie finale ont aussi commencé plus tard que d’habitude et ont été un peu raccourcies. "Une édition moins priante ? Je ne le crois pas", réagit Mgr Delville. "J’étais le modérateur d’un carrefour sur la place de la prière dans le processus de paix. Le Père syriaque Jacques Mourad par exemple a ému tous les auditeurs quand il nous a expliqué comment la prière du chapelet l’avait aidé à tenir le coup pendant les mois qu’il avait été pris en otage. Même ceux qui l’avaient pris en otage évoquaient par après une retraite spirituelle."
De même pour le jeune imam gantois Khalid Benhaddou, pour qui cette rencontre à Madrid était sa première participation aux journées "dans l’esprit d’Assise", l’expérience était particulièrement enrichissante. "Je suis fort impressionné par cette rencontre de gens venant du monde entier et de toutes les traditions religieuses", disait-il dans l’avion du retour. "J’ai prié avec des musulmans, parlé avec des bouddhistes, rencontré des chrétiens de toutes dénominations… Et ce qui m’a frappé, c’est la qualité des échanges. On reproche souvent et non pas à tort que les relations inter-religieuses ne dépassent pas les contacts superficiels. Ici, ce n’était nullement le cas !"
Benoit Lannoo