Un sac poubelle sur tout le camp contre sept ou huit autrefois… C’est le résultat atteint par une trentaine de staffs cet été. En outre, en intégrant la réduction des déchets dans leurs animations, la démarche des mouvements de jeunesse rejaillit sur les parents et les communautés locales.
Depuis 2018, cinq fédérations(*) soutiennent leurs animateurs dans leur volonté de réduire leur empreinte écologique (voir article sur le site de Cathobel: « des camps tendent vers le zéro déchet »). Ainsi, un partenariat avec l’association Zero Waste Belgium offre aux animateurs des outils et des formations pour agir et aussi sensibiliser les animés et, de là, leurs parents.
Par ailleurs, la fédération ‘Les Scouts’ – qui a initié le projet – a très vite remarqué que les camps ‘zéro déchet’ ajoutaient de la valeur dans les lieux où ils s’installent en été.
« Le scout s’engage là où il vit »
On ne peut nier que certaines communes voient plutôt les camps comme une nuisance. Mais si les animateurs se lancent dans une démarche durable, l’article deux de la loi scoute prend tout son sens. Un avis partagé par Sébastien Renouprez, administrateur-délégué chez ‘Les Scouts’: « On fait d’une pierre deux coups, car on travaille sur la durabilité (le zéro déchet) et on invite les camps à se fournir à la ferme, chez le boucher et le boulanger du coin.Tout cela permet de créer des liens entre les mouvements de jeunesse et les habitants: l’image des scouts est valorisée et les habitants se sentent reconnus. »
Toutefois, les cinq fédérations relèvent deux freins importants qui risquent de grever le budget des camps et l’investissement des animateurs. Acheter en vrac et local est un défi pour les animateurs qui peinent souvent à trouver les informations sur les producteurs locaux. Les fédérations plaident donc pour une collaboration avec les communes pour leur faciliter cette recherche et les contacts, avant et pendant le camp.
Et les animateurs font face à un autre problème: ils paient aux communes une taxe forfaitaire de cent euros, quelle que soit la quantité de déchets générés. Les fédérations de mouvements de jeunesse aimeraient donc que la taxation soit adaptée pour valoriser ceux qui s’engagent dans une démarche citoyenne et durable.
Partenariats gagnants
S’il n’y a pas toujours de maraîchers dans les environs des camps, les producteurs wallons, eux, font face à un surplus alors que leurs clients habituels sont en vacances. La Ferme de la Rigaudière – un maraîchage bio créé en 2018 par deux jeunes pleins d’idéaux, eux-mêmes anciens scouts – a ainsi eu l’idée de sillonner la Wallonie pour livrer les camps en produits frais, locaux et en vrac. Les camps sont donc une belle opportunité pour valoriser les producteurs wallons et éviter le gaspillage.
Selon la fédération des Guides (GCB), il faut compter en moyenne 2-3 euros en plus par personne sur le prix du camp; les Faucons Rouges estiment que c’est « 10% plus cher chez les artisans locaux mais avec une qualité et un service bien plus grand qu’en grande surface ».
Il est à noter que l’Agence Wallonne pour la Promotion d’une Agriculture de Qualité – l’Apaq-W – subsidie depuis plusieurs années les camps qui se fournissent chez les producteurs wallons.
Des camps labellisés?
Par ailleurs, le ministre wallon de l’Environnement et de la transition écologique, Carlo Di Antonio, ambitionne de décupler les initiatives de transition au sein des mouvements de jeunesse. Il a lancé un appel à projet de labellisation ‘camps durables’ auquel trente staffs ont participé. Les GCB pensent que cela incitera de plus en plus de groupes à prendre part au projet. Les Faucons Rouges estiment aussi que ce label peut « donner de la visibilité au monde que nos jeunes préparent pour demain ». De leur côté, ‘Les Scouts’ insistent surtout sur le besoin d’encadrer, sensibiliser et éduquer, plutôt que de répondre à une grille de critères.
Toujours est-il que, avec plus de 115.000 membres, les mouvements de jeunesse peuvent vraiment amorcer la transition écologique. Pour Sébastien Renouprez, « il est très important de montrer aux parents que les jeunes sont sensibilisés à la thématique de réduction des déchets, qu’il y a une urgence climatique et que l’on essaie de faire quelque chose. Je pense que c’est assez puissant comme levier de changement. »
Ainsi une maman raconte avec humour: « Je suis donc la mère scandaleuse qui, une heure après la fin du camp, replonge ses enfants dans la société de consommation et de production de déchets. Ils ont dit: ‘Ici pour le zéro déchet c’est mal barré’. Alors on n’a pas pris les boîtes de magic box ni les pailles pour boire. C’est pas tout mais c’est pas rien! Merci au staff d’avoir aidé nos enfants à éveiller cette conscience! »(**)
Nancy GOETHALS
(*) Les Scouts Baden-Powell de Belgique (Les Scouts), les Guides Catholiques de Belgique (GCB), les Scouts et Guides Pluralistes, le Patro et Les Faucons rouges.
(**) A lire sur le site de Cathobel: témoignages et astuces des scouts pour réduire leurs déchets.