Hocus Pocus, la magie au fil de l’eau


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Hocus Pocus, la magie au fil de l’eau
Par Angélique Tasiaux
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
6 min

Un couple sympathique et enthousiaste s'est lancé dans un double projet ambitieux: changer de lieu de vie et créer une piscine pour des personnes à mobilité réduite. Si le second projet reçoit l'assentiment d'un grand nombre de professionnels, la création d'une piscine dans une ancienne chapelle n'en demeure pas moins inattendue!

Hall pour accueillir les chaises roulantes, hamacs, brancards de bain, espaces de douche… Tout a été conçu dans les moindres détails. Avec des dimensions de 4m50 sur 8m et 1m25 de profondeur, le bassin permettra "à l'adulte d'avoir pied partout pour tenir ou aider une autre personne, que ce soit un enfant ou un adulte. Il y aura également des jeux de stimulation, d'eau, des bulles, des jets de massage. Tout ce qui va permettre aux thérapeutes de travailler et aux personnes de s'amuser. Il y a les deux aspects, à la fois thérapeutique et de loisirs. La cerise sur le gâteau sera un espace sensoriel, une technique qui vise à stimuler les sens ou à les apaiser en fonction des besoins de chacun, par des jeux de lumière, d'odeurs, de la musique...", précise Thalie Devosse, l'une des deux chevilles ouvrières du projet Hocus Pocus. "Des piscines où les familles peuvent accéder pour des moments de détente et de bien-être ou des centres spécialisés avec leurs résidents, il y en a deux dans toute la Belgique, une dans la région de Couthuin et l'autre à Willebroek. Ces deux piscines ont été créées par des parents, qui avaient fait le même constat que nous. Quand notre fils Robin passe de la chaise roulante à la baignade, ça le transfigure. Nous pouvons enfin avoir un contact physique avec lui. Vu la demande, ça a beaucoup de sens que cette infrastructure soit partagée par un maximum de gens qui en ont vraiment besoin", précise Christophe Bourgois. "Une des premières étapes a été d'aller à la rencontre des gens qui avaient un intérêt potentiel dans une telle démarche: les kinés, les éducateurs sportifs de centres et d'écoles spécialisés. Nous avons essayé de répondre au mieux aux besoins de ces différents groupes. Ensuite, nous avons été à la recherche d'un lieu pour accueillir à la fois l'habitat groupé et la piscine. Grâce à une de mes collègues, nous avons été en contact avec la congrégation des sœurs. Comme la construction de la chapelle est assez récente, il y a des atouts techniques qui ne sont pas négligeables, notamment le vide ventilé. Pour les sœurs, prendre soin de personnes handicapées et en souffrance leur parlait", se réjouit Thalie. Architecte, plans, demandes de permis, la trentaine de bénévoles réunie aux côtés du couple a pris les choses en mains. Et sur un budget estimé à 850.000€, la moitié a déjà été récoltée en dons ou en promesses de financement. "Ce projet de piscine chaude répond à une attente et à un besoin sociétal fort", observe Christophe.

Un habitat groupé dans un monastère

Grâce à une entrée indépendante, les gens du quartier avaient la possibilité d'assister à certaines célébrations dans la chapelle, construite dans les années nonante et désacralisée il y a deux ans. Une croix subsiste encore sur la porte. Ainsi, la destination première du lieu figure-t-elle toujours, même si le lieu est complètement vide, hormis une magnifique verrière avec des vitraux. "Ils sont très colorés et ont été peints avec une finesse du détail dans les visages paisibles, les draperies et les paysages", admire Christophe. Ces vitraux viennent d'un site occupé précédemment par les sœurs. Ils illuminent l'endroit et lui assurent une connotation bien particulière, puisque trois scènes bibliques y sont dépeintes. "Çà a tellement de sens d'un point de vue humain, historique et environnemental de donner une deuxième vie à ce bâtiment qu'aujourd'hui cela coule de source!", confirme Thalie. En effet, l'ancienne habitation des sœurs va être reconvertie en habitat groupé. Sept autres familles aux profils variés y séjourneront aux côtés de la famille Bourgois. "C'est une belle aventure humaine et un projet collectif. L'idée, c'est de favoriser les échanges, les rencontres, les discussions entre des personnes d'âge et d'horizons variés. C'est le seul type de logement où on connaît ses voisins, avant d'y habiter! Une des motivations de l'habitat groupé est d'éviter l'individualisme qu'on ressent parfois malgré nous. Et le fait d'être intégré dans une paroisse crée une communauté d'entraide, de solidarité, d'échanges et d'écoute. Le soutien des sœurs nous porte aussi sur notre chemin familial", reconnaît Christophe. "Il y a des forces dans les différentes générations. Les personnes plus âgées ont du temps et les plus jeunes peuvent aider les personnes vieillissantes. L'entièreté du lieu est adaptable, c'est-à-dire aménageable à peu de frais. Tous les bâtiments sont conçus pour que les personnes puissent y vieillir, même avec des problèmes de mobilité. Personne n'est à l'abri!", précise Thalie, qui ajoute: "je me sens dans la confiance, la confiance en l'avenir, en notre famille, en notre famille élargie, la communauté autour de nous, notamment les sœurs qui seront nos voisines et ont accueilli le projet à bras ouverts. Elles sont attentionnées et apportent un soutien concret au projet. Notre couple a pris un autre chemin que celui que nous avions imaginé au départ, mais il n'est pas moins intéressant pour autant. Nous nous adaptons au jour le jour avec ce que Robin nous propose. Grâce à lui, on a découvert tout l'univers social. Nous rencontrons sans arrêt des gens qui ont la main sur le cœur et dont le métier est de faire du bien autour d'eux." Et Christophe d'enchaîner en détaillant les nombreuses actions de solidarité dont le projet a déjà bénéficié, parmi lesquelles l'action Carême d'une école bruxelloise, plusieurs représentations théâtrales et musicales, des parrainages sportifs lors du marathon de Berlin ou des 20km de Bruxelles… "Les valeurs de partage et de solidarité sont toujours bien présentes dans notre société du XXIe siècle!", confirme le président d'Hocus Pocus.

Angélique TASIAUX

  • Infos: www.hocuspocus-asbl.be – Les dons versés pour l'asbl Hocus Pocus via le compte de la Fondation Roi Baudouin bénéficient d'une exonération fiscale dès le montant de 40€. BE10 0000 0000 0404, avec la communication structurée 128/3067/00082 – GSM 0473 80 23 28

Christophe et Thalie , initiateurs du projet 'Hocus Pocus'

Une proposition providentielle

Au nom de la communauté, sœur Florence ne cache pas son enthousiasme. "Au XIXe siècle, la fondatrice de la congrégation des Sœurs du Saint-Cœur de Marie avait ouvert une école gratuite pour les filles, devenue ensuite un pensionnat. Les sœurs ont pu s'installer à La Hulpe grâce à des dons. Il est important que cette chaîne de services se poursuive. Ces dernières années, notre prière était tournée vers la recherche d'un nouveau propriétaire qui continue ce service du pauvre, puisque la congrégation a été vouée à l'éducation et au service des familles. Le projet proposé par Christophe et Thalie est intergénérationnel et s'inscrit dans la continuité de ce que nous vivons. Nous les avons reconnus, tous les deux, pour leur sérieux et leur dynamisme, mais aussi ce service du plus petit et l'ouverture à l'autre." Quant à l'idée d'ouvrir une piscine thérapeutique dans l'ancienne chapelle, "le projet n'a posé de difficulté pour aucune d'entre nous. Le baptême inaugure la vie du Christ avec la plongée dans les eaux du Jourdain. D'autre part, grâce à nos consœurs âgées et malades, nous savons l'importance du bain". Et de conclure en rappelant combien "au départ de la vie religieuse, il y a souvent des initiatives de particuliers qui prennent de l'ampleur".

A.T.

Catégorie : L'actu

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