Place à une exposition intimiste au musée L, à la découverte des estampes japonaises. Parmi les pièces exposées figurent aussi des sabres, ainsi que des objets en laque et en ivoire.
Albums d'images, livres de contes, romans populaires largement diffusés ou livres de lecture plus raffinés sont de sortie. Les pièces exposées sont issues de quatre institutions belges : le musée L, la réserve précieuse de l'UCLouvain, le musée royal de Mariemont et les musées royaux d'Art et d'Histoire.
L'exposition met en lumière une technique d'illustration sur bois, introduite au Japon dès le septième siècle, avant d'être en vogue durant les dix-sept et dix-huitième siècles. D'abord confidentielle, la production de livres était une affaire d'érudits et le domaine exclusif des monastères. Ensuite, à la période Edo (1603-1868), "la reproduction devient plus accessible et on assiste à une démocratisation du livre. Les gens sont friands d'images d'acteurs, de romans… L'impression xylographique permet jusqu'à 40.000 tirages avec une même plaque. L'impression sur bois est plus facile que l'imprimerie en Occident, à la même époque", précise Isabelle Maron, collaboratrice pédagogique dans l'institution. Lors des siècles d'or de la période Edo (de l'ancien nom de la ville de Tokyo), le succès de cette technique a conduit plus d'un millier d'éditeurs à y recourir pour intégrer des images dans les textes. Isabelle Maron se dit surprise par "l'étendue de la collection. Dans l'exposition, l'accent a été mis sur de grands artistes, généralement connus. Ceux qui ont réalisé ces estampes étaient d'abord des illustrateurs de livres, avant d'être des graveurs. Car dans le façonnage du livre intervient une distinction des métiers. La réalisation d'estampes représente un travail collectif. Il y a le dessinateur, puis le graveur, ensuite l'imprimeur, sans oublier l'éditeur. La particularité de ces expositions singulières, c'est de mettre en avant les collections de l'université. C'est un espace collaboratif sur des sujets ciblés." Un film restitue, pour les visiteurs, la grâce de ces compositions qui requièrent patience et précision.
Une collection magistrale
L'UCLouvain bénéficie d'une collection magistrale venue en droite ligne du Japon. En effet, dans les années 20, un fonds constitué d'objets de qualité fut offert à l'Université catholique de Louvain fortement endommagée après les bombardements de la Première guerre mondiale. Plus de 13.600 volumes couvrent ainsi plus de sept siècles de production nationale, du treizième au début du vingtième siècle, et restituent le raffinement d'une culture. En charge des ateliers avec les adolescents, Isabelle Maron envisage comme fil conducteur prochain "l'expressivité dans les visages". Un prolongement de cette exposition qui décline "l'ouverture sur une autre culture, le graphisme, la représentation de personnages de théâtre… Je proposerai de travailler des visages expressifs, en froissant du papier." Gratuit, un livret explicatif particulièrement fourni accompagne les visiteurs, invités à le déposer à la fin de leur visite. Une nouvelle manière d'inciter le public à éviter le gaspillage.
Angélique TASIAUX
L'expo "Images et illustrations au Japon d'Edo" est accessible jusqu'au 18 août 2019 au musée L, à Louvain-la-Neuve.