
Stéphanie Combe DR
Stéphanie Combe est mère de trois enfants et journaliste au magazine La Vie. Son écriture est souple mais percutante, mêlant humour et profondeur spirituelle. Un vrai régal.
A l’approche de la fête des mères, comment ne pas parler du dernier roman de Stéphanie Combe. Clémentine, la trentaine rayonnante, mère de trois enfants, heureuse en couple, sent qu’elle perd pied. Elle a le sentiment d’être un peu devenue l’ombre d’elle-même. Que faire ? Sur un coup de tête, elle décide de partir en retraite, seule.
Clémentine va tout d’abord faire la connaissance de la dynamique religieuse, qui sera sa référente pendant son séjour. Ensuite, elle apprendra à connaître les autres retraitantes et à découvrir ce que chacune d’elle peut lui apporter pour l’aider à réorienter sa vie. La figure du prêtre est également très attachante, bien ancrée dans le réel, au parler franc, qui fait mouche et non dénuée d’humour.
CathoBel: Votre écriture est très humoristique. L’humour (et l’autodérision) c’est important pour vous ?
Stéphanie Combe: Complètement ! Pour moi, l’humour c’est l’arme absolue. Il permet de prendre de la distance par rapport au réel, de relativiser, de retrouver de la légèreté. C’est aussi un thermomètre : si je n’en suis plus capable, c’est qu’il est temps de faire une pause ! Seulement, l’humour est parfois délicat à manier : on ne peut pas rire de tout avec tout le monde. Alors en effet j’aime surtout l’humour d’autodérision, non pas l’ironie qui enfonce, mais cet humour qui fait poser un sourire bienveillant sur soi-même, ses ratés, sa mauvaise volonté, ses propres contradictions. Joseph Folliet, prêtre du Prado, l’a écrit dans ses Petites béatitudes : « Bienheureux ceux qui savent rire d’eux-mêmes, ils n’ont pas fini de s’amuser ! »
La louange occupe aussi une place de choix dans ce roman. Est-ce que vous la pratiquez régulièrement ?
Alors ça, oui ! J’y ai été introduite sans le savoir, notamment grâce au scoutisme, qui apprend à considérer le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, à sourire et à chanter dans les difficultés. La louange, c’est une attitude de foi radicale qui voit en tout l’œuvre de Dieu. Ce n’est pas une méthode Coué, il ne s’agit pas de nier les difficultés. Mais c’est vouloir vivre les épreuves de la vie main dans la main avec Dieu. Je crois d’une part que le mal ne vient pas de Lui, et d’autre part que dans mes galères, mes souffrances, il n’est pas absent, il reste à mes côtés, il me donne sa grâce et me soutient. Plus encore, cette prière consiste à louer Dieu pour ce qu’Il est et non pour ce qu’Il me donne. La louange aide à nous décentrer et à nous tourner vers Lui, à le contempler. Finalement, louer c’est connaître un avant-goût du Ciel.
A la fin du livre, vous évoquez la sainteté. Un clin d’œil à l’exhortation du pape François ?
Trop souvent, nous voyons dans la sainteté une option réservée à quelques-uns. En réalité, elle n’est pas la cerise sur le gâteau, mais la mission de chacun ! C’est ce qu’a rappelé le pape François l’année dernière, dans son exhortation Gaudete et exsultate. La sainteté est accessible à tous. Elle consiste à être un témoin, « un reflet de la présence de Dieu » pour notre monde. Reflet qui se révèle dans les mille détails du quotidien : retenir une médisance, offrir un sourire qui nous coûte, prêter l’oreille à cet enfant qui a besoin de parler. Pour devenir saint, nous connaissons le chemin : rester uni au Christ et vivre d’amour. Autrement dit, accepter de se laisser transformer.
Propos recueillis par Sophie Delhalle
NB: Cet article fait suite à celui publié dans le journal Dimanche n°19 du 12 mai 2019.
Se mettre en action
Ce livre, en plus d’être un très agréable roman, à déguster page après page, s’apparente à un petit manuel pratique et spirituel. Stéphanie nous donne des pistes concrètes pour se reconnecter – à soi, à Dieu et aux autres – et s’armer face à la vie trépidante imposée par nos modes de vie actuels … qui ne laissent pas beaucoup de place à la contemplation et à la louange. Et c’est bien dommage! Ce livre nous le rappelle de manière intelligente, sans nous culpabiliser, mais en nous invitant à l’action, avec Dieu.
LE + : Stéphanie Combe a ainsi pensé à nous dresser des listes de petits pas, après chaque chapitre, pour passer de la théorie à la pratique, et la bibliographie finale ne manquera pas d’intéresser les « super mamans » qui pourront aller encore plus loin dans leur recherche selon leurs propres besoins.
« Ouf! Maman part au couvent », Stéphanie Combe, Quasar, 2019. Sortie prévue le 12 mai.