La Flandre a vécu une semaine de fortes émotions après le meurtre de la jeune étudiante Julie Van Espen: rage mais aussi questionnement, sérénité et espoir.
Plus de 1.600 personnes s’étaient réunies samedi dernier à l’église Notre-Dame de l’Assomption, à Schilde, pour les funérailles de Julie Van Espen. Cette étudiante anversoise de 23 ans a été assassinée au début du mois, le long du Canal Albert au nord de la ville d’Anvers, alors qu’elle rejoignait ses amies au centre-ville. Julie a été tuée par un homme de 39 ans avec un passé de marginal. Abus et violence alimentent son casier judiciaire bien rempli.
Cependant, la famille et les proches de Julie avaient choisi de ne pas se laisser emporter par le chagrin et de garder la sérénité et l’espoir. "De Julie émanait une force qu'elle a toujours gardé. Et c'est cette force qui a rassemblé des milliers de gens pour une Marche blanche le dimanche 12 mai. Cette même force qui nous tient debout maintenant", souligne l'évêque d'Anvers, Mgr Bonny, dans son homélie. "Qui d'autre que Julie aurait pu transmettre cette force à tous ceux qui sont attristés par sa mort?"
Passé chez Sant’Egidio
La sérénité n’a pourtant pas toujours été de mise après ce terrible drame. Des milliers de messages haineux adressés à l'auteur du crime ont déferlé sur les réseaux sociaux. Une pétition pour la réinstauration de la peine de mort a également circulé. En effet, l’assassin avait déjà été condamné pour viol et violences, et il était libre en attendant le jugement d'une procédure d’appel. Le dernier mot dans cette affaire n’a pas encore été dit. La Cour d’appel d’Anvers avait la possibilité de travailler plus vite en traitant certaines affaires avec un seul magistrat siégeant, mais celle-ci a tardé à le faire.
Mais si Sant’Egidio a tenu à reagir, c’est principalement parce que le coupable de ce meurtre était connu des services caritatifs de l’organisation chrétienne. Il était venu au restaurant du cœur Kamiano et, quelques fois, avait bénéficié du Kamiano Mobile. Sant’Egidio a tenu à saluer le courage de la famille de ne pas attiser le feu de la haine. "Mais personne ne naît malfaiteur", souligne le communiqué de presse de Sant’Egidio. "Le coupable, lui-même victime d’abus sexuels dans son jeune âge, n’a sans doute jamais pu guérir de ses blessures."
C’est pourquoi Sant’Egidio lance un appel urgent pour plus d’interdisciplinarité dans l’approche des personnes difficiles (délinquants sexuels et autres) "afin qu’ils puissent être suivis de près par les autorités locales, communautaires, régionales et fédérales. Mais aussi, par la police et par la justice et également par des spécialistes psychiatriques et sociaux. Il y a trop de récidives après une condamnation. Et cela démontre qu'il reste encore beaucoup à faire pour pallier le manque de soins adéquats à ces cas."
Benoit LANNOO