Le jeûne est en vogue. Ses motivations s’éloignent des prescriptions de l’Eglise pour se transformer en une démarche de rupture face à un monde de saturations. Il s’agit d’abord d’un choix individuel et éventuellement spirituel.
En cette période de Carême, les catholiques pratiquent le jeûne de différentes manières, mais le temps où les prescriptions de l’Eglise étaient strictes est révolu. Aujourd’hui, l’Eglise catholique n’invite plus les fidèles qu’à s’abstenir d’un repas le mercredi des Cendres et le Vendredi saint, tout en privilégiant la frugalité durant les quarante jours de Carême. Pourtant, le jeûne revient en force dans les pratiques, davantage pour répondre à un besoin corporel, voire spirituel que strictement rituel.

Pour ceux qui continuent à pratiquer le jeûne dans un cadre chrétien, il est devenu une pratique plus personnelle que communautaire. Ces pratiques individuelles dépendent des perceptions que chacun fait de ses excès: cela va de la limitation de certaines nourritures sucrées à l’arrêt de boissons alcoolisées, en passant par la décision de limiter l’abondance des aliments consommés.
Consciente cependant que le jeûne n’acquiert tout son sens que dans le cadre d’une pratique physique et communautaire, certaines paroisses ou structures d’Eglise mettent en place des périodes de jeûne ou organisent des weekends où chacun est invité autour d’un repas frugal et à des prières collectives.
Beaucoup de nouveaux jeûneurs ne lient cependant plus la pratique du jeûne avec le Carême. Désormais s’ils jeûnent, c’est d’abord pour purifier leur corps et s’éloigner d’un mode de vie frénétique et d’hyperconsommation.
Ainsi, les stages qui proposent de faire l’expérience d’un jeûne pendant plusieurs jours, se multiplient. Cette démarche, accompagnée souvent de méditations, lie expérience corporelle et spirituelle: l’expérience physique ouvre en effet l’esprit et le cœur à une autre dimension de la vie. Très en vogue, ces stages peuvent parfois conduire à des excès.
Etre plus magazine, le portail francophone d’information sur le bien-être, accompagne ainsi les jeûneurs de ses conseils: il distingue entre autres, le jeûne hydrique et le jeûne sec. Le premier permet l’apport d’eau, de tisanes, de bouillons de légumes. Le second type ne permet aucune absorption de liquide. Pratiqué trop longtemps, il devient dangereux pour l’organisme.
Quelles qu’en soient les formes, le jeûne retrouve une jeunesse car il représente une rupture par rapport à un mode de vie qui sature, un monde d’excès et de trop-pleins. Ce regain des pratiques de jeûne ne va pas sans influencer l’Eglise elle-même qui semble accorder une importance nouvelle à cette pratique, laissant à chacun, cependant, le choix du type de jeûne qu’il souhaite.
Laurence D’HONDT