Jusqu’à la Pentecôte, la basilique de Koekelberg abrite une impressionnante sculpture d’inspiration biblique. Composée de nombreux éléments naturels, elle est quasiment une reproduction du Golgotha où Jésus est mort.
Les touristes et les personnes de passage ainsi que les paroissiens de la basilique de Koekelberg peuvent difficilement passer à côté de la création sculpturale placée derrière l’autel de la grande église. Signée Krzystof Przygocki, la sculpture représente un calvaire surmontée de trois croix. Dans la partie basse de cette création, une pierre laissée ouverte permet d’entrapercevoir un tombeau. « Plus vrai que nature », constate une mère de famille à qui son enfant demande: « Je peux entrer? » L’une des surprises de cette œuvre d’art consiste, par ses dimensions proches de celles d’un réel tombeau, de permettre aux adultes (et évidemment aux enfants) de voir l’intérieur du tombeau. Dans cette cavité, se trouve un promontoire suffisamment large pour que le corps d’un défunt y soit posé.
Les paroissiens ont pu découvrir cette œuvre monumentale dès le début du Carême. Certains savaient depuis des mois que quelque chose se préparait puisque l’artiste travaillait les différentes pièces du Golgotha en bas d’un escalier, à l’arrière de la basilique. Mais ce n’est qu’en assemblant les différentes parties dans l’église que le public a pu apprécier la grandeur de cette création.
N’essayez pas de complimenter Krzystof Przygocki pour ce travail patient et minutieux, il renvoie les compliments vers le véritable créateur, à son sens: « C’est Jésus qui m’a inspiré! »
Rencontre avec l’artiste et le curé de la paroisse, le père Marc Leroy.
Pourquoi avoir créé le calvaire?
J’ai été intrigué que peu de gens connaissent le Golgotha, où Jésus est mort et a été enterré. Par la prière, j’ai senti que je devais aider ces personnes à comprendre l’importance de ce lieu. Par ma profession de décorateur, et aussi grâce à une expérience précédente où j’ai construit une grotte dédiée à la Vierge Marie dans le Hainaut, j’ai trouvé l’idée de cette construction. J’ai eu la chance que cette initiative soit favorablement accueillie par l’équipe paroissiale de la basilique. Une lettre a aussi été envoyée aux professeurs de religion pour leur proposer d’emmener leurs élèves voir le Calvaire.
Comment avez-vous travaillé?
La structure du tombeau a été construite en bois, enduite d’un crépi en plâtre recouvert de sable. Cela donne véritablement l’aspect du granit, ou d’une pierre rocheuse. Des branchages sont disposés au-dessus de ce tombeau. J’ai été cherché ces branches d’arbres lors de mes promenades dans les parcs de Bruxelles. Et l’œuvre est surmontée de trois croix, pour le bon et le mauvais larron qui entourent le Christ. J’ai tenu à placer une couronne d’épines au-dessus de la Croix centrale. Cette couronne a été fabriquée, tout simplement avec des morceaux des buissons autour de la basilique. Bref, cette sculpture s’est faite avec les moyens disponibles. Même l’inscription INRI (Jésus de Nazareth, roi des Juifs) a pu trouver sa place grâce à une plaque en cuivre qui traînait dans les caves de cette basilique.
Père Marc Leroy, comment utilisez-vous cette œuvre dans la liturgie?
Nous avons commencé dès le mercredi des Cendres. A l’intérieur du tombeau, nous avions placé un coffre rempli de sandales dans lequel les participants à la célébration sont venus prendre une chaussure, symbolisant le fait que chacun peut devenir un chrétien missionnaire. Pendant la Semaine sainte, beaucoup de démarches seront proposées autour du calvaire. C’est autour de ce tombeau ouvert qu’aura lieu l’adoration, le Jeudi saint. Le lendemain, nous viendrons fermer la pierre du tombeau après le chemin de croix. Cette pierre ne sera roulée dans l’autre sens qu’à la veillée pascale. Le tombeau apparaîtra illuminé. La sculpture est aussi utile auprès des enfants qui se préparent à la profession de foi. C’est dans le tombeau ouvert qu’ils viendront chercher la croix qui leur sera remise. Un double symbole donc! Je citerai encore une démarche: à l’entrée de ce calvaire, il y a un seau rempli d’intentions de prières que les gens viennent déposer. C’est un geste fort de confier son inquiétude, sa joie, ses peines, au pied de la Croix.
A.-F. de BEAUDRAP