Le 4 avril, le Premier ministre Charles Michel a officiellement présenté les excuses de l'Etat belge aux métis, dans une déclaration "solennelle et mémorielle". Le Premier est arrivé le 6 avril à Kigali, pour assister aux commémorations des 25 ans du génocide rwandais.
"Au nom du Gouvernement fédéral, je reconnais la ségrégation ciblée dont les métis ont été victimes sous l’administration coloniale du Congo belge et du Ruanda-Urundi jusqu’en 1962 et suite à la décolonisation, ainsi que la politique d’enlèvements forcés y afférente. Au nom du Gouvernement fédéral, je présente nos excuses aux métis issus de la colonisation belge et à leurs familles pour les injustices et les souffrances qu’ils ont subies." Charles Michel a également admis la séparation des fratries et la confusion volontaire de nombreuses identités.
Nés des amours entre un père blanc et une mère native des colonies, les métis se trouvaient coincés entre deux identités culturelles. On les appelait alors des mulâtres. Reniés ou ignorés par leurs ascendants belges, ils se trouvaient aussi coupés de leur environnement maternel, puisqu'ils étaient la plupart du temps arrachés à leur mère. Au moment des troubles de l'indépendance, la majorité d'entre eux a été évacuée par avion vers la mère-patrie belge. Précipités dans un autre environnement, ces enfants seront placés dans des orphelinats, voire adoptés. Un immense tabou, à l'échelle nationale, va entourer leur existence, dont la stabilité sera compromise par un manque criant de certitudes et de reconnaissance.
Depuis quelques années, les deux associations miXed2020 et Métis de Belgique/Metis van België oeuvrent à faire reconnaître les droits de ces enfants "nés dans les territoires sous domination coloniale belge : le Congo belge et le Ruanda-Urundi". Leurs descendants sont ainsi invités à retracer leurs attaches familiales cachées.
Un lent processus en marche
En novembre 2015 déjà, le parlement flamand a présenté ses excuses aux personnes victimes d'une adoption forcée. En avril 2017, c'était au tour des évêques de Belgique d'annoncer publiquement leur reconnaissance de la souffrance subie, dans une déclaration officielle de la Conférence épiscopale. "Les évêques belges reconnaissent la souffrance que ces métis de l'ère coloniale ont subie. Le fait qu'ils aient été enlevés à leur mère était une source de chagrin et de manque à la fois pour eux et pour leur mère. En dépit de toutes les bonnes intentions ou motivations, leur placement dans un institut spécial a entraîné une nouvelle aliénation de leur origine et de leur véritable identité. Ils ont empêché leur plein développement et leur libre autodétermination. Pour le rôle joué par l’Église catholique dans cet événement, nous souhaitons nous excuser auprès de ces métis."
Angélique TASIAUX