Je n’ai pas vraiment le temps de prier de longues heures par jour, et c’est pourquoi la prière me paraît essentielle. J’ai un travail très absorbant, j’ai une vie de famille qui m’absorbe, mon mari et moi aimons rencontrer des amis, ce qui nous absorbe. Mais à force d’être absorbée, je finirais par me perdre; alors il y a la prière. Elle est pour moi un besoin physique et je vais m’en expliquer.
Commençons par cette chose simple: je ne sais jamais vraiment si je prie, ni comment prier. Saint Paul le dit d’ailleurs dans une de ses Epîtres: "l’Esprit lui-même prie en nous" (Romains 8,14-16). Il me semble pourtant important de donner du temps gratuit au Seigneur qui m’aime et que j’aime. C’est en cela que je veux dire que la prière est physique. Il faut s’arrêter. Il faut mettre son corps, ses yeux, son esprit, son intelligence, à l’écoute. Ça ne doit pas nécessairement toujours être long, mais il vaut mieux que ce soit régulier.
Une force d’exister
Pour ma part, je consacre une vingtaine de minutes tous les jours à la lecture des textes de la messe du jour. Les évangiles confrontent Jésus à la complexité inouïe des vies et des relations humaines. Ils offrent peu de solutions à mes problèmes concrets d’employée et de mère de famille. Mais ils me confortent. Si Jésus a vécu tout ce bazar, (s’il a vécu tout ce que nous autres humains vivons quotidiennement: du beau, de la douleur, du compliqué…) et s’il s’est relevé de la mort, cela me donne une force d’exister. Je m’efforce alors de traverser tout ce que toute vie humaine engagée doit traverser: les conflits, les réconforts, les découragements, les joies…etc. en confiance, puisque Jésus ne s’est pas dérobé, bien au contraire, à cette condition humaine.
Je ne sais jamais vraiment si je prie, ni comment prier
Jésus a été jusqu’à la mort, et je ne connais pas la fin de mon histoire mais je peux simplement lui dire: "Je voudrais te suivre, Seigneur…; apprends-moi à t’aimer".
Je dois dire aujourd’hui que je suis très aidée dans la prière parce que mon mari et moi vivons depuis à peu près 20 ans dans un habitat groupé, dont les membres prient tous les matins: un petit office vraiment simple. Nous sommes dix, et nous animons la prière chacun à tour de rôle. IL y a donc dix sensibilités priantes, à l’écoute desquelles ma prière se coule et se met en résonnance avec une communauté très simple. Apprendre à prier comme l’un, puis comme l’autre, cela m’apprend aussi, dans le concret de ma vie professionnelle à rencontrer l’un, puis l’autre dans la vérité de chacun.
C’est tout, ou presque; c’est ce que je peux dire aujourd’hui, mais je crois que tout croyant et tout priant peut encourager ceux qui croient et qui prient, à prier et à croire.
Marie-Françoise BOVEROULLE, Responsable Service Solidarité, Vicariat de Bruxelles