Ce 31 mars, plusieurs centaines de manifestants rediront leur désir de protéger la vie humaine, depuis ses origines jusqu’à la mort naturelle. A l’aube de la dixième édition, Constance du Bus, porte-parole, fait le bilan.
Chaque année, ils reviennent. Alors que le printemps émerge, ils sortent leurs bottines, déploient leurs mégaphones et débarquent dans les rues de Bruxelles. Jeunes et vieux – jeunes surtout! – se retrouvent à plusieurs centaines, voire à quelques milliers. Leur ardeur n'a jamais faibli. Il faut dire qu'ils ont la foi: ils croient que la vie doit être défendue. Depuis la conception jusqu'à la mort naturelle. Et à tout prix.
A quelques jours de l’événement, nous avons rencontré Constance du Bus. Depuis deux ans, cette jeune fille de 23 ans est le visage de la Marche. Elle est sur des charbons ardents, mais ne le montre pas. Avec calme, elle nous partage son combat. Posée, précise, sûre d’elle. Enthousiaste aussi.
Après dix éditions, quel bilan tirez-vous de votre action?
Je pense qu'au niveau des participants, il y a une culture de la vie et une réflexion qui s'approfondissent. D'où l'importance de tenir dans la durée: la Marche pour la Vie, ce n'est pas un effet de mode! Je retiens aussi que chaque année, nous avons l'occasion d'aborder un thème spécifique, souvent lié à l’actualité du moment. Enfin, je remarque que les politiques et les médias sont interpellés par notre persévérance. Et nous ne sommes pas prêts de nous arrêter!
Estimez-vous être devenu un interlocuteur reconnu sur ces questions?
Oui. De plus en plus, les médias font appel à nous, même en dehors des périodes d'organisation de la marche. Ceci dit, en termes de professionnalisation, nous avons encore du chemin à parcourir. On aimerait proposer davantage d’alternatives et devenir un acteur majeur du débat public. Dans d’autres pays, c’est vraiment le cas, et cela nous motive énormément. Ici, il faut toutefois souligner que ceux qui portent le mouvement sont très jeunes: dans le conseil d’administration de l'ASBL, neuf personnes ont moins de 30 ans.
Quel regard posez-vous sur les évolutions législatives et sociétales qui ont marqué la Belgique au cours de la dernière décennie?
Je retiens évidemment la loi de 2014 élargissant l’euthanasie aux mineurs. Un autre élément marquant fut la loi qui a dépénalisé l'avortement, l’année dernière. Cette loi n'est évidemment pas optimale, mais je dois dire qu’on a évité le pire. Il avait été question d'allonger le délai légal, et de le faire passer à 18, voire 20 semaines. Dans ce débat, on a l'impression que notre voix a pu peser. Il faut dire qu'en dehors des marches, nous avons aussi l'occasion de mener un travail de réflexion, de rencontrer des parlementaires...
Marcher est à la mode. Que pensez-vous des jeunes qui manifestent pour le climat?
Nous n’avons évidemment rien contre ce mouvement, que du contraire! En même temps, on déplore qu'ils ne proposent pas un message d'écologie intégrale, qui reviendrait à protéger toute vie humaine. S’ils pouvaient allier défense du climat et défense de la vie, leur message serait plus cohérent.
Mener un combat comme le vôtre n’est pas évident. Est-ce que le découragement vous guette parfois?
Chaque année, il y a des moments de grande joie et des moments plus difficiles. Le jour de la marche est un moment de profond ressourcement, qui suffit à recharger les batteries jusqu’à l’année suivante. Le soir de la marche, on se dit: "C'est quand même fou ce qu’on peut faire!"
Dans dix ans, vous serez contents si...?
On espère rassembler toujours plus de monde afin d'avoir un impact de plus en plus grand. On aimerait aussi pouvoir supprimer de notre législation tout ce qui permet de porter atteinte à la vie humaine. Mais ce n'est pas tout; il importe aussi de prévoir un accompagnement adéquat. Il faut mettre en place des solidarités très concrètes. Enfin, on espère que la culture de la vie dépassera de plus en plus les périmètres de la Marche pour la Vie. En particulier, on aimerait pouvoir être présents dans les écoles, y discuter de ces questions avec les élèves. On voudrait aussi nous rapprocher des universités. Les campus sont complètement désinvestis sur ces questions.
Vincent DELCORPS
La Marche pour la Vie aura lieu ce dimanche 31 mars à 14h30. Les manifestants partiront de la place Poelaert et reviendront sur celle-ci. Nouveauté 2019: au départ de la marche sera organisée une grande collecte de vêtements d’enfants, de matériel de puériculture et de vêtements de grossesse. Toutes les infos: www.marchepourlavie.be
(Photo: DR)