La région wallonne a décidé d’octroyer un montant annuel de 1.000€ aux étudiants habitant loin de leur lieu d’études, dans le but d’aider les parents à financer la location d’un kot. En soi, l’idée est bonne et positive, surtout dans une période où beaucoup de ménages ont des difficultés à boucler les fins de mois et donc a fortiori à faire face au coût des études supérieures.
Bien évidemment, il y a des conditions à remplir pour obtenir cette aide. Et c’est précisément là que le bât blesse. Le gouvernement wallon a pris comme critère le temps de déplacement, qui plus est en voiture: cette somme de 1.000€ sera octroyée à ceux dont le domicile est situé à une heure ou plus de… trajet en voiture (!) de leur lieu d’études. N’y allons pas par quatre chemins: ce critère est absurde! Le temps de déplacement n’est pas une donnée fiable, tout le monde en conviendra. Par ailleurs, comme l’a souligné le président de la Fédération des étudiants francophones (FEF), Maxime Michiels, les transports en commun sont plus représentatifs des modes effectifs de déplacement des étudiants. Il estime, à juste titre, que c’est une méthode de temps de trajet, et pas de distance, qui a été retenue. En clair, un étudiant qui habite à trente cinq minutes en voiture de son école, mais qui n’a pas de voiture et qui doit faire plus d’une heure de transports en commun, ne bénéficiera pas de la prime. Voilà qui est bien belge! Mais quid aussi des étudiants qui habitent à moins d’une heure de leur université ou haute école? La réponse est limpide: ils n’y auront pas droit!
Au-delà de cette seule donnée du temps et du mode de déplacement, c’est l’ensemble du projet qui est caduc parce qu’en décidant seul, le gouvernement wallon discrimine une grande partie des étudiants francophones, notamment ceux vivant à Bruxelles ou dans sa périphérie. On ne peut donc que regretter que ce projet de prime de soutien, au demeurant attrayant et sans doute nécessaire, n’ait pas fait l’objet d’une concertation avec la Fédération Wallonie-Bruxelles, en charge de l’Enseignement obligatoire et supérieur. Il est vrai que les "couleurs des coalitions" ne sont pas les mêmes et… que nous sommes en période électorale. Question à cinq sous: fausse bonne idée ou calcul électoral?
Jean-Jacques Durré
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