Vénézuela : le pape François à la rescousse ?


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Vénézuela : le pape François à la rescousse ?
Par Sophie Delhalle
Publié le - Modifié le
4 min

Lors de la traditionnelle conférence de presse tenue dans l'avion, à son retour des Emirats Arabes Unis, le pape François, parmi d'autres sujets abordés, a ouvert la porte à une possible médiation du Vatican dans la crise politique qui secoue actuellement le Vénézuela.

Après un "voyage trop bref, mais une grande expérience", François a pris le temps de répondre aux questions des journaliste avant le décollage de l'avion qui devait le ramener à Rome. "Chacun de nos jours, c'est écrire l'histoire" a-t-il notamment confié en début de conférence de presse.

"Quelle a été votre impression en découvrant les émirats?" fut donc la première question adressée au souverain pontife. "Un pays moderne et accueillant, un pays qui regarde vers l'avenir" a estimé le pape et surtout un pays en recherche de solution pour assurer son approvisionnement en eau, qui se prépare aussi à vivre la fin du pétrole. François dit avoir rencontré un islam fraternel et de paix, et découvert un pays ouvert au dialogue, régional, universel et religieux. Il a également qualifié la réunion interreligieuse d'acte culturel fort et a souligné les efforts déployés aux Emirats en matière de lutte contre la pédopornographie.

Un document à étudier

Le pape François a levé le voile sur la manière dont le document sur la fraternité humaine a été préparé. "Par une réflexion et des prières des deux côtés", a -t-il tout d'abord affirmé. Car pour le saint père, le grand danger, c'est "la destruction, la guerre, la haine entre nous." Avant d'ajouter :"Et si nous croyants, nous ne parvenons pas à nous tendre la main, à nous embrasser, et aussi à prier, alors notre foi est vaincue."

Pour François, "ce document est né de la foi en Dieu, qui est le Père de tous, le Père de la paix". Et Dieu condamne toute destruction et tout terrorisme. Un texte aussi qui, de l'aveu du pape, a mûri pendant presqu'un an de manière confidentielle avant de pouvoir être rendu public et cosigné par les deux chefs religieux.

François insiste, le document ne s'éloigne pas d'un millimètre de l'esprit de Vatican II dont il fait d'ailleurs mention. Il a été relu par des théologiens dont ceux de la Maison pontificale. "C'est un pas en avant ... commencé il y a 50 ans." précise le pape. Ce document est à étudier par les musulmans mais ne doit pas être imposé, a-t-il encore souligné. Et quand on lui demande ce qu'il répond à ceux qui estiment qu'il est instrumentalisé par les musulmans, François répond de but en blanc: "Mais pas seulement par les musulmans. Par tout le monde ... même les journalistes !"

Médiation au Vénézuela ?

Comme Jean Paul II l'a fait pour l'Argentine et le Chili, "un acte courageux " selon le pape François, un journaliste demande au pape s'il acceptera de jouer les médiateurs au Vénézuela. "Il y a des petits pas, le dernier est la médiation, a-t-il expliqué, c'est le rôle de toute la diplomatie et pas seulement du Vatican" de travailler pour ouvrir des possibilités de dialogue. François dit ne pas avoir encore lu la lettre de Maduro. "Nous verrons ce qu'on peut faire." Pour le pontife, il faut la volonté des deux parties, que celles-ci soient toutes les deux demanderesses pour entrer dans la voie de la médiation. "Nous sommes toujours disposés." a rappelé le pape.

Fidélité et paix

Concernant sa rencontre avec le Conseil musulman des Anciens, François estime que les deux mots clés ont été sagesse et fidélité. De leur discussion, est ressortie l'idée d'un chemin de vie dans lequel la première grandit et la seconde se renforce. Et de la naît l'amitié entre les peuples qui conduit à la construction de la paix. Le pape a comparé les anciens du conseil à de véritables sages.

Quant à la question de la liberté religieuse, François a dit : "La liberté est toujours un processus. Il faut toujours avancer jamais s'arrêter." Et que l'important est de chercher le bien et de soutenir et accompagner tous les processus qui vont dans ce sens.

Abus sexuels

La conférence de presse s'est achevée sur une actualité plus triste à savoir les violences sexuelles commises sur des religieuses. Le pape a souligné que "la violence contre les femmes est un problème" et que "l'humanité n'est pas encore mûre" en ce sens que la femme occupe toujours une place de seconde zone. "C'est un problème culturel." a-il encore affirmé. François reconnait que des prêtres et des évêques dans certains pays sont impliqués et confirme la suspension et le renvoi de certains clercs ainsi que la dissolution de congrégations féminines où l'esclavage économique et sexuel des religieuses était avéré. Il réaffirme sa volonté d'aller encore plus loin. "C'est un chemin qui a commencé avant moi" et qu'il compte bien poursuivre.

S.D.

Illustration : capture écran KTO - cc-by-Hugoshi


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