L’Eglise catholique au Zimbabwe a mis en place une base de données sur les actes de violence et les violations des droits de l'homme dans le pays. Elle est alimentée par les témoignages de victimes, recueillis dans les diocèses, à travers le territoire national, rapporte le 30 janvier 2019, le journal en ligne newzimbabwe.com.
Mi-janvier 2019, au moins 12 personnes ont été tuées lors de troubles sociaux au Zimbabwe. Un nombre indéterminé de personnes ont également été blessées. Ces troubles ont été provoqués par des grèves de travailleurs des secteurs sociaux, ainsi que par des manifestations de rues, suite à la dégradation des conditions de vie des populations due aux difficultés économiques du pays. La récession a entraîné de nombreuses pertes d’emplois et un renchérissement du coût de la vie. Le taux de chômage est actuellement supérieur à 80%.
Un régime "pire que celui de Mugabe"
Le président Emmerson Mnangagwa, au pouvoir depuis novembre 2017, est accusé par ses concitoyens de n’avoir pas tenu ses promesses d'améliorer l'économie, après le départ de Robert Mugabe, qui dirigeait le pays depuis son indépendance, en 1980. Le 29 janvier 2019, l'opposition politique au président Mnangagwa a déclaré que ce régime était "pire que celui de Mugabe".
Dans un communiqué publié le 17 janvier 2019, la Conférence des évêques catholiques a dénoncé la "mauvaise gestion" du pays, ainsi que "l’intolérance" du gouvernement face aux manifestants, qui a entraîné la mort d'innocents. Intitulée "Rétablir l'espoir, la confiance et la stabilité au Zimbabwe", la déclaration des évêques s’est émue de la perte d’emplois et de l'envol du coût de la vie. "Le Zimbabwe brûle, son économie souffre, son peuple souffre", ont-ils déploré.
Depuis les troubles de mi-janvier 2019, des victimes se présentent auprès de l’Eglise catholique pour solliciter de l’aide ou pour se soigner dans ses structures sanitaires. "Nous portons ces cas à l'attention du gouvernement, afin qu'ils servent de preuve de ce qui s’est passé", a déclaré le Père Frederick Chiromba, secrétaire général de la conférence épiscopale.
Selon lui, plusieurs ONG de défense des droits humains ont demandé à l’Eglise de pouvoir visiter ses structures sanitaires.
Médiation de l'Eglise?
Mgr Michael Bhasera, évêque de Masvingo, dans le sud du pays, a conduit le 25 janvier une délégation d'évêques auprès du vice-président Constantino Chiwenga, qui est aussi ministre de la Défense et chef de l'agence nationale de renseignement. Cette visite avait pour but de discuter des violentes manifestations de mi-janvier, et d’étudier les voies et moyens d’une collaboration entre le gouvernement et l’Eglise catholique. "L'Eglise est la mieux placée pour servir de médiatrice", a relevé Frederick Chiromba.
(cath.ch/ibc/ag/rz)