Dans les cercles théologiques, il a été assez souvent admis que, là où Jésus avaient prêché le Royaume de Dieu, ses apôtres et disciples ont, après lui, prêché le Christ. Y aurait-il eu dès lors trahison du message originel de l’Evangile… dans les évangiles? Les recherches en exégèse de ces dernières années ont plutôt montré que l’on ne pouvait pas, dans les évangiles, distinguer clairement entre les ipsissimum verbum du Christ – ce qu’il aurait prononcé lui-même avec certitude – et ce que les disciples auraient « ajouté » en termes d’interprétation croyante de ce que Jésus avait dit ou fait.
Tout le Nouveau Testament, et les évangiles en particulier, sont un témoignage de foi. A ce titre, ils traduisent la mémoire du Maître, faite, indissolublement, de ses paroles, de ses gestes, et du souvenir que l’on en a gardé. Les évangiles sont également tissés de la conviction que Jésus n’est pas seulement le messager du Royaume, mais aussi – surtout – sa présence même et le début de sa réalisation et, en ce sens, le message lui-même.
Pour commencer à le comprendre, il faut répondre à cette question que Jésus a adressée à ses apôtres, qu’il nous adresse également, à nous chrétiens et, d’une certaine manière, à tout homme et toute femme de bonne volonté : « Pour vous, qui suis-je? » (Matthieu 16,15). Est-il un prophète? Un philosophe, un sage? Pour la foi chrétienne, il est tout cela, mais davantage encore.
Dans ce deuxième numéro de ThéoBel, nous vous proposons quelques éléments de réponse à cette question. Après un rapide parcours à travers les évangiles, qui dressent, ensemble et chacun, un portrait du Christ, nous nous plongerons dans cette question de l’identité de Jésus Christ, Fils de Dieu.
Parce qu’il est éclairant d’apprendre ce que Jésus signifie pour d’autres courants spirituels, nous nous intéresserons ensuite à la perception de Jésus par les musulmans, qui voient en lui le précurseur de Mahomet, mais également par les bouddhistes, qui considèrent Jésus comme un frère.
Enfin, nous terminerons par une question qui nous concerne directement: que veut-on dire lorsque l’on proclame que Jésus nous sauve?
Christophe HERINCKX