
(c) Vatican Media
En ce mercredi 3 octobre, le pape François a présidé la messe d’ouverture du synode sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. Il a invoqué l’Esprit Saint afin qu’il permette à tous les participants et à tous les chrétiens en communion de prière de « réveiller et renouveler en nous la capacité de rêver et d’espérer« .
«L’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera tout et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14, 26). C’est par ce verset de l’Evangile de Jean que François a pris la parole lors de son homélie.
Sur les réseaux sociaux, soeur Nathalie Becquart, coordinatrice générale du pré-synode, confie ses premières impressions : « Très belle messe d’ouverture du #synod2018 ce matin… J’ai été particulièrement touchée par cette célébration qui nous a donné de vivre une expérience forte de l’Eglise universelle et de la présence du Christ qui nous rassemble en son Eucharistie et dans cette assemblée synodale dont il est le centre. Le Pape François nous a livré une homélie profonde et riche et il est venu nous saluer à la fin. Grande joie aussi de retrouver les jeunes du pré-synode qui sont ici comme auditeurs, les autres religieuses auditrices ou experte, ainsi que fr Aloïs accompagné de fr Benoit et fr Marek« . »
En ce premier jour, le synode nous offre également une image inédite, celle de la première participation des deux évêques de Chine continentale à une assemblée synodale au Vatican.
Rompre avec l’attitude « on a toujours fait ainsi »
Le pape François a notamment exprimé sa joie d’aborder ce tournant dans l’histoire de l’Eglise, avec les jeunes. « Oints dans l’espérance, nous commençons une nouvelle rencontre ecclésiale capable d’élargir les horizons, de dilater le cœur et de transformer ces structures qui aujourd’hui nous paralysent, nous séparent et nous éloignent des jeunes, les laissant exposés aux intempéries et orphelins d’une communauté de foi qui les soutienne, d’un horizon de sens et de vie (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 49). Et de souligner sa volonté de rompre avec les pratiques du passé et sa préoccupation des plus faibles. « L’espérance nous interpelle, nous déplace et rompt avec le conformisme du “on a toujours fait ainsi”, et elle nous demande de nous lever pour regarder directement le visage des jeunes et les situations dans lesquelles ils se trouvent. La même espérance nous demande de travailler pour renverser les situations de précarité, d’exclusion et de violence, auxquelles sont exposés nos enfants. »

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Pour François, les jeunes demandent et exigent de l’Eglise « un dévouement créatif, une dynamique intelligente, enthousiaste et pleine d’espérance, et que nous ne les laissions pas seuls aux mains de tant de marchands de mort qui oppriment leur vie et obscurcissent leur vision. »
Il poursuit alors par cette mise en garde : « Et cela exige de nous que nous soyons attentifs et veillions bien à ce que ne prévale pas la logique de l’auto-préservation et de l’autoréférentialité, qui finit par faire devenir important ce qui est secondaire et secondaire ce qui est important. L’amour pour l’Evangile et pour le peuple qui nous a été confié nous demande d’élargir le regard et de ne pas perdre de vue la mission à laquelle il nous appelle pour viser un plus grand bien qui profitera à nous tous. Sans cette attitude, tous nos efforts seront vains« .
Ainsi, selon le Saint Père, l’adoption d’une telle attitude permettra de se prémunir contre toute tentative moralisante ou élitiste, comme des « idéologies abstraites qui ne correspondent jamais à la réalité de nos gens« .
Perpétuer l’esprit de Vatican II
Le pape s’est ensuite adressé aux pères synodaux en leur rappelant que, pour la plupart, ils étaient eux-même des jeunes gens quand s’est tenu le Concile Vatican II. Et que c’est à ces jeunes d’alors qu’était destiné le dernier message des Pères conciliaires. Le pape conclut ainsi son homélie en en rappelant la substance : « (…) C’est pour vous, les jeunes, pour vous surtout, qu’elle (l’Eglise) vient, par son Concile, d’allumer une lumière: lumière qui éclaire l’avenir, votre avenir. L’Église est soucieuse que cette société que vous allez constituer respecte la dignité, la liberté, le droit des personnes: et ces personnes, c’est vous […] Elle a confiance […] que vous saurez affirmer votre foi dans la vie et dans ce qui donne un sens à la vie: la certitude de l’existence d’un Dieu juste et bon. C’est au nom de ce Dieu et de son Fils Jésus que nous vous exhortons à élargir vos cœurs aux dimensions du monde, à entendre l’appel de vos frères et à mettre hardiment à leur service vos jeunes énergies. Luttez contre tout égoïsme. Refusez de laisser libre cours aux instincts de violence et de haine, qui engendrent les guerres et leur cortège de misères. Soyez généreux, purs, respectueux, sincères. Et construisez dans l’enthousiasme un monde meilleur que celui de vos aînés. »
« Purification et réforme »
L’assemblée synodale se compose de 409 personnes, dont 267 Pères synodaux, principalement des évêques, qui auront un droit de vote, de 49 auditeurs, dont 36 jeunes entre 18 et 29 ans, et de 23 experts. Ce synode a été convoqué par François pour mieux comprendre les aspirations et les contextes de vie des 19-30 ans. Et cela afin de renouveler la manière dont l’Eglise accompagne et accueille les jeunes. Le Document de travail mentionne explicitement plusieurs enjeux: la prière, le discernement des vocations, la sainteté, l’accueil de l’Eglise – pour tous, y compris les migrants ou les jeunes LGBT – la sexualité ou encore les rapports intergénérationnels. Dans un contexte marqué par les scandales d’abus sexuels, il s’agit également pour l’Eglise de redécouvrir un “authentique dynamisme juvénile”, selon les mots du pape. Ce qui suppose “purification et réforme”.
S.D.