
Office de Pâques de l’église Hillsong London, 2013 (c)David Castor
Hillsong n’est pas un groupe de pop louange. C’est une Eglise protestante, fondée en Australie, qui a aujourd’hui essaimé sur tout le globe. Implantée en France depuis 2005, elle compte aujourd’hui 5 « campus » dont Lyon, Paris et Marseille. Certains membres étaient de passage à Liège pour une soirée de louange. Rencontre.
En 2018, l’église Hillsong, née à Sydney en 1983, compte 28 églises affiliées en Australie et plus de 100 églises dans le monde. L’assistance hebdomadaire est de plus de 100 000 personnes, dont plus d’un tiers en Australie. Elle est présente dans les grandes villes de 17 pays et peut compter entre autres dans son réseau de « megachurches » : Johannesburg (12 000), Londres (10 000), New York, le Cap (7 000), et Paris (3 000).
Une maison avec plusieurs pièces
La branche française de Hillsong a décidé il y a quelques années d’entreprendre une traduction française des chants officiels, écrits en anglais. « Nous trouvions que certains chants en anglais étaient vraiment très beaux et nous voulions les rendre accessibles à tous » explique Pasteur Jonathan. Il a vécu cinq ans en Australie, a suivi la formation biblique à l’église-mère Hillsong avant de poser ses valises à Paris. « Nous aimons bien décrire Hillsong, notre église, comme une maison avec plusieurs pièces« . En France, les implantations de Hillsong – les pièces de la maison – se situent en milieu urbain et touchent un public de jeunes mais aussi de jeunes familles. Les membres du groupe de louange Hillsong France sont tous des volontaires, membres des différentes églises Hillsong (principalement Lyon et Paris). Leur objectif à travers l’album et la tournée, qui a débuté ce 23 octobre à Liège, c’est « de montrer ce qui se vit chaque dimanche dans notre église, partager ce qui se vit chez nous avec le plus grand nombre« , comme nous l’explique encore Pasteur Jonathan. « Le fait d’avoir traduit les chants et de produire cet album a aussi permis une certaine harmonisation. Beaucoup d’églises Hillsong en francophonie chantent les mêmes paroles. C’est cela notre force. » ajoute Pasteur Ben, originaire de Suisse.
Pop louange ?

De gauche à droite : Fabrice, Sabrina, Pasteur Ben et Pasteur Jonathan
En fait, comme il ne s’agit pas réellement d’un groupe mais bien plutôt d’une émanation des équipes de louange, les musiciens volontaires n’utilisent pas volontiers le terme « pop-louange » pour définir leur musique. « Si le terme pop signifie populaire, qui s’adresse aux gens, alors oui on peut dire qu’on fait de la pop-louange, avance Fabrice, mais nous n’utilisons pas ce terme pour parler de nous. » Ils préfèrent alors dire louange contemporaine. « Le message de Jésus est intemporel. Mais la manière de le communiquer à évoluer. Notre rôle est de le rendre audible pour les gens d’aujourd’hui » continue Fabrice. Et Pasteur Ben de préciser : « le mot pop est trop restrictif. Nous sommes dans la pulsation du moment. Nous reprenons aussi bien des anciens hymnes, mis à jour, donc on ne peut pas dire que notre style soit pop. » Ils ajoutent encore : « Nous aimons dire que nous sommes avant tout des personnes d’église locales, passionnées de musique. On aime Dieu et on veut le faire connaitre. Et l’un des moyens, c’est la musique. » D’ailleurs, les représentations de Hillsong ne sont pas tant des concerts mais bien des soirées de louange dont les chants sont directement inspirés des psaumes ou des versets. « Nos chants doivent inspirer mais aussi façonner notre public. Les mettre en contact avec la Bible » insiste Pasteur Jonathan pour qui une soirée de louange Hillsong, malgré les apparences, n’est pas un show mais un vrai moment de prière et de ressourcement.
L’attitude de l’Amour
Nous avons demandé à nos interviewés ce qu’était – devrait être – pour eux un chrétien dans la société actuelle. C’est Pasteur Jonathan qui répond le premier : « Etre chrétien, ce n’est pas juste une démarche intellectuelle, personnelle. Notre foi devrait aussi impacter notre vie et notre entourage. Aimer son prochain, oui mais comment le faire concrètement? Comme accueillir les réfugiés? comment les aimer? Etre chrétien se vit dans les choix de tous les jours. Par exemple, si on croit que Dieu nous a confié sa création, alors on ne peut pas en faire n’importe quoi et gaspiller. Le Salut, c’est agir ici et maintenant. L’éternité nous attend mais il y a de quoi faire ici et maintenant sur Terre. C’est donc bien plus qu’aller le dimanche à l’église. C’est être un exemple. »
Pasteur Ben ajoute: « Un chrétien, ce n’est pas celui qui a la tête dans les nuages. Il a la tête sur les épaules, les deux pieds sur terre et le cœur accroché au ciel. Un jeune chrétien d’aujourd’hui doit devenir un influenceur, qui montre les valeurs. »
Et pour Sabrina, c’est dans la manière d’agir dans les petites choses que la différence se marque : « Ce sont dans les moments anodins que nous devons adopter une attitude digne d’un chrétien. C’est cela qui sera déterminant, qui fera la différence. C’est parfois difficile d’assumer parce que cela nous met à contre-courant. Mais, rester fidèle à ses valeurs, c’est ce qui marquera la différence pour les gens. En fait, c’est l’attitude d’amour qui nous détermine. La façon dont les gens nous perçoivent dépend de nous. » Et Pasteur Jonathan de conclure : « Nous devons par notre attitude d’amour changer le regard des autres sur les chrétiens, et inverser les mentalités. »

(c) Sophie Delhalle
Il y a plus …
Mardi soir à Liège, ils donnaient donc leur unique « concert » belge de la Tournée « Il y a plus ». Une salle comble, un public âgé de 7 à 77 ans, une ambiance festive mais recueillie. Ils sont venus sur l’invitation de l’église protestante Nouvel Impact, installée au Trocadéro.
Les « spectateurs » ont pu assister à deux heures de louanges entrecoupée par une prêche du pasteur Ben, qui commentait Daniel, 25. Dans l’après-midi, il nous donnait déjà un avant-gout de son intervention : « On réfléchit trop petit quand on pense à Dieu. On l’enferme dans des petits miracles alors qu’il peut tellement plus. Il peut beaucoup plus que ce qu’il y a dans nos têtes. » Dans sa prêche, il nous invitait à garder notre regard fixé sur Jésus, sur Dieu, car « nous allons toujours là ou notre regard se fixe« . Pasteur Jonathan, lui, a passé la grande partie de la soirée sur scène, à enchaîner les chansons avec les autres membres.
L’album et la tournée s’appellent « Il y a plus » (Eph, 3,20) en lien avec l’idée que Dieu est à l’œuvre et continue de l’être. Il nous faut laisser Dieu faire ce qu’il veut de notre vie. Une invitation à oser croire qu’il y a plus pour l’église. Se lever et dire que Dieu veut plus de nous et qu’il faut s’ajuster à ce qu’il veut de nous, pour nous.
`Sophie Delhalle