Lors de sa présentation devant les évêques et une quarantaine de jeunes réunis pour le Synode des jeunes à Rome, Mgr Kockerols s'est dit convaincu que des hommes mariés pourraient répondre positivement à un appel à la prêtrise.
"Je suis convaincu que certains jeunes, qui ont puisé dans la vocation baptismale leur appel à s’engager par les liens du mariage, répondraient volontiers « me voici » si l’Eglise devait les appeler au ministère presbytéral". C'est avec cet appel que Mgr Kockerols a ponctué son intervention sur la vocation et les vocations, ce mercredi matin, face aux évêques réunis pour le synode des jeunes. Contacté par téléphone (voir entretien audio ci-dessous) le père Tommy Scholtes, sj, porte-parole de la Conférence épiscopale, indique que Mgr Kockerols avait soumis préalablement son texte aux évêques belges: "c'est effectivement au nom de la Conférence épiscopale que Mgr Kockerols s'exprime aujourd'hui".
Mgr Kockerols est délégué, nommé par les évêques de Belgique, pour représenter la Conférence épiscopale au synode des jeunes qui se tient au Vatican jusqu'au 28 octobre. Pour la Belgique, Mgr Van Looy participe également au synode au titre de sa bonne relation avec le pape et en tant que président de Caritas International.
Une réponse à la crise des vocations?
L'engagement d'hommes mariés dans la prêtrise pourrait-il répondre indirectement aux questions liées au célibat des prêtres et à la crise des vocations? Le père Tommy Schotes estime que l'ordination d'hommes mariés pourrait être une réponse à la crise des vocations qui se vérifie partout dans le monde. Le porte-parole de la Conférence épiscopale belge tempère : "Ce n'est pas la seule solution par rapport à la crise des vocations qui est aussi une question de crédibilité de la foi dans le monde aujourd'hui. On sait que du côté du monde protestant ou orthodoxe où les pasteurs peuvent être mariés, il y a aussi une difficulté à trouver des jeunes hommes qui acceptent ce service d'Eglise".
Ecoutez ici le père Tommy Scholtes, sj, porte-parole de la Conférence épiscopale, suite à l'appel lancé par l'évêque auxiliaire de Bruxelles, Mgr Jean Kockerols.
Le texte de l'intervention de Mgr Kockerols, ce mercredi 10 octobre 2018, au synode des jeunes à Rome.
Synode 2018 – Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel - Vocation et vocations
J’aimerais en quelques points inviter à une meilleure compréhension de l’usage que nous faisons du terme « vocation » (cf. Instrumentum laboris (I.L.), II° partie, chapitre II, n°s 85 et sv).
- (Le choix de la vie) La vocation fondamentale qui résonne dans la conscience de tout être humain est l’appel à la vie. « Tu choisiras la vie pour que tu vives » (Dt 30,19) Ce choix fondamental, à renouveler chaque jour de notre existence, éveille à la confiance en soi, qui elle-même engendre une ouverture à l’autre et un engagement au service du monde. L’appel à la vie est chemin d’humanisation. « Tu choisiras la vie… en aimant le Seigneur, en écoutant sa voix, en t’attachant à lui » (Dt 30,20). Pour le chrétien, cet appel à la vie est une invitation à être et à devenir disciple du Christ : « viens et suis-moi ». La réponse, donnée librement, est de modeler sa vie sur celle du Christ : à déployer la confiance en Dieu, la prière, l’amour, la joie, le don de soi... L’appel du Seigneur propose un chemin de déification, de sainteté.
- (Les choix dans la vie) La vocation baptismale est « source et sommet » de toute autre vocation. Et en premier lieu les appels dans la vie quotidienne, appels dont la réponse prépare les grands choix à faire aux tournants de l’existence. L’Eglise se doit d’accompagner, avec tact et pédagogie, le discernement des jeunes. Elle doit les aider à faire « l’exégèse » de leur vie, pour qu’ils deviennent, chacun à son propre rythme, disciples du Christ. Si elle ne s’y engage pas mieux, l’Eglise continuera à perdre sa crédibilité. (Le choix d’un état de vie) Voilà pourquoi l’Eglise accompagne aussi, sans forcer, les questions liées à l’état de vie : le mariage chrétien et le célibat pour le Royaume. Ces deux vocations méritent d’être, à part égale, mises en valeur par l’Eglise.
- Enfin, la vocation baptismale ouvre le cœur de certaines personnes - mariées ou célibataires - à l’appel de l’Eglise, au nom du Seigneur, à la servir, à être ministre de la communauté chrétienne. Le premier appelant est dans ce cas l’Eglise ! D’ailleurs, à l’appel de son nom, l’ordinand s’avance et dit « me voici ». Ensuite, on s’adresse à l’évêque : « la Sainte Eglise vous présente N. et demande que vous l’ordonniez prêtre ».
Il y a une vocation chrétienne, baptismale, et des vocations qui lui donnent chair. Permettez-moi de conclure : je suis convaincu que certains jeunes, qui ont puisé dans la vocation baptismale leur appel à s’engager par les liens du mariage, répondraient volontiers « me voici » si l’Eglise devait les appeler au ministère presbytéral.
+Jean Kockerols