Ce weekend, on repasse à l'heure d'hiver! Et comme chaque année, à deux reprises, resurgit la question. Faut-il avancer ou reculer sa montre d'une heure? Mais surtout, le jeu en vaut-il la chandelle? Et qu'en pense-t-on dans les monastères ? Et comment se vit un changement d’heure dans ces lieux?
Cette année, le débat sur le changement d'heure a pris un nouveau tour en raison de la décision prise par la Commission européenne de laisser aux Etats la possibilité de rester à l'heure d'été ou d'hiver. Une décision politique qui, pour une fois, semble être approuvée par une majorité d'Européens. Plus de 4,6 millions d'entre eux ont été interrogés cet été. Les réponses, dans la très grande majorité, font part d'une réelle volonté citoyenne de mettre fin à ce changement d'heure. Jugé inutile et crispant.
Habituellement silencieux, moines et moniales ont aussi leur mot à dire sur le sujet puisqu'ils doivent se lever très tôt pour les offices du matin. Même s'ils n’ont guère l’habitude de se plaindre ou de mettre sur la place publique leurs soucis, cela n’empêche pas les avis, souvent pertinents et collectivement présentés. Pour sœur Monique Florin, du Carmel d’Argenteuil, "le changement d’heure n’a aucune incidence sur notre santé, je n’ai pas entendu qu’il y avait un problème pour le sommeil, nous nous adaptons facilement et cela ne perturbe pas nos offices religieux".
Et, force est de constater que le changement d’heure représente le cadet de leurs soucis. Ceci dit, à la lecture des commentaires reçus, une majorité d’entre eux serait en faveur du maintien de l’heure d’hiver. "On garderait ainsi l’heure biologique, ce qui est ressenti comme meilleur pour l’organisme", précise sœur Marie-Christine, du Carmel de Waterloo.
Un problème lors de la nuit pascale
Un souhait qui se dégage des avis récoltés. Avec quelques nuances, certes, mais sans guère de plainte réellement formulée. La prière du matin a (et aura) toujours lieu, même s’il faut s’adapter et ronger un peu sur le sommeil. Pour sœur Marie-Pascale Dran, de l’abbaye Notre-Dame de Brialmont, "il est juste impératif, pour des raisons de bonne communication, que les horaires soient les mêmes pour tous les pays européens. Pour les soucis de sommeil, on s’en arrangera. La seule difficulté, assez rare, est quand le changement intervient la nuit pascale. Habituellement, à la fin mars, pour compenser le manque de sommeil, on avance les Complies de trois-quarts d’heure, et comme de toute façon, les Vigiles sont à 5 heures, elles sont de nuit, été comme hiver. Sinon, à part cela tous les monastères ont trouvé leur manière de gérer le décalage." Le père Bernard Lorent, abbé de Maredsous ne dit pas autre chose quand il affirme que "le changement d’heure n’a pas grande incidence à Maredsous. Le trouble du changement, en particulier celui où on perd une heure durant la nuit du samedi à dimanche, est amorti par le fait que l’office du dimanche matin est célébré une demi-heure plus tard que les autres jours de la semaine".
Néanmoins, il se trouve quelques avis négatifs, qui regrettent cette manipulation de la nature. Comme sœur Catherine, de l’Abbaye Notre-Dame de la Paix à Chimay, qui dénonce une décision ancienne qui peut perturber une vie de prière. Elle aussi se montre favorable au maintien de l’heure d’hiver. "Au monastère lorsqu’on passe de l’heure d’hiver à l’heure d’été, pour ne pas amputer la nuit, déjà courte pour nous qui nous levons tôt pour le premier office, d’une heure de sommeil, nous faisons le changement le matin; dans ce cas la matinée est bousculée. Malgré cela tous les offices sont maintenus à l’heure habituelle, mais de la nouvelle heure.
A cela s’ajoute les difficultés de sommeil le soir et cela peut avoir une répercussion sur la santé, l’humeur, les relations fraternelles…"
Un sujet et des questions posées qui ont eu le mérite de susciter la réflexion au sein des abbayes et monastères. Sur un sujet a priori très loin des thèmes habituellement traités dans les prières…
Philippe DEGOUY