Question d’enfant: “C’est qui le verbe qui est Dieu ?”


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Question d’enfant: “C’est qui le verbe qui est Dieu ?”
Par Manu Van Lier
Publié le - Modifié le
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Question d’enfant - La rubrique de Luc Aerens.

La petite fille qui pose cette question à son papa est mondialement connue. Elle s’appelle Brigitte Fossey. Une star du cinéma. Qui ne se souvient du film qui l’a rendue célèbre dès ses cinq ans et trois mois: le sublime Jeux interdits de René Clément où des petits enfants pendant la Deuxième Guerre mondiale s’interrogent et dissertent à propos de la mort. Le film date de 1952. Brigitte Fossey a donc quitté son enfance depuis longtemps.

Dans la vraie vie cette fois, non plus sur écran pour les besoins d’un scénario, Brigitte Fossey dès son enfance se posait des questions par rapport aux textes des évangiles, et non des moindres. C’est Gabriel Ringlet, dans son magnifique dernier ouvrage La grâce des jours uniques – Eloge de la célébration (Editions Albin Michel, 2018), qui révèle ce fait en page 149. Il faut savoir que Gabriel Ringlet invite chaque année un témoin privilégié pour l’accompagner de son génie propre lors des offices de la Semaine sainte à son Prieuré de Malesves-Sainte-Marie, en Brabant wallon. Cette fois-là, c’était Brigitte Fossey, l’invitée du Jeudi saint. Gabriel Ringlet raconte: "En préparant la démarche, elle me confie que toute petite déjà, lorsqu’elle allait à la messe, elle trouvait l’Evangile extraordinaire. Celui de saint Jean en particulier. "Quand j’entendais 'Au commencement était le Verbe, et le Verbe était à côté de Dieu, et le Verbe était Dieu', je sentais dans ces mots quelque chose d’important. J’étais toute petite. Je ne comprenais pas tout. A plusieurs reprises, j’ai demandé des explications. Et mon père, qui aimait la théologie, prenait plaisir à me répondre. Il m’a communiqué un véritable amour des mystères."

Une pédagogie du questionnement

Sans le savoir, peut-être, Brigitte Fossey esquisse dans cette conversation avec Gabriel Ringlet une quasi synthèse de ce que peut être la pédagogie d’accompagnement par les adultes aux questions spirituelles, théologiques et philosophiques posées par les enfants.

Tout d’abord, il suffit d’y être attentif, les enfants, parfois très tôt, posent des questions aux adultes à qui ils font confiance. "La valeur n’attend pas le nombre des années", fait dire à Rodrigue Pierre Corneille dans Le Cid. Ces questions d’enfants sont non seulement importantes pour eux, mais ce sont généralement des questions essentielles pour toute personne. On sait par expérience, pour peu qu’on écoute les enfants, que leurs questions mettent souvent les adultes en difficulté car elles touchent des sujets fondamentaux et, parfois, de manière très concrète par rapport à la vie des adultes. La naissance, la mort, l’existence de Dieu, l’amour, le bien et le mal, l’injustice… sont des thèmes récurrents.

Mis en présence des Ecritures, les enfants posent également bon nombre de questions sur Dieu, Jésus, les personnages, les situations bibliques (donc de la vie contemporaine auxquelles ces situations renvoient), et… sur nous.

On ne sait pas ce que le papa "qui aimait la théologie" à répondu à sa fille, Brigitte Fossey, concernant sa question par rapport au Verbe qui était Dieu. Mais ce témoignage révèle que le questionnement de l’enfant n’a pas été relégué aux oubliettes. Son papa, dit-elle, prenait plaisir à répondre. Mais bien des parents ou éducateurs sont en difficulté pour répondre à leurs enfants. Ce qui convient de faire alors, est en tous les cas d’accueillir et de recueillir la question et de leur témoigner que c’est une question importante, pour eux-mêmes aussi. Il est indispensable que les adultes recherchent des personnes, des ouvrages ou d’autres sources qui peuvent leur indiquer des pistes de réponse. Parfois, surtout chez les plus petits, lorsque les adultes reviennent plus tard avec des éléments de réponse, l’attention de l’enfant n’est plus orientée vers cette question. L’important est alors, pour l’adulte, de garder les éléments de réponse en mémoire pour un moment plus favorable. De toute façon, n’aborder, et de manière simple, que ce que l’enfant désire savoir, sans partir dans un développement élaboré. L’essentiel est l’accueil, l’écoute et surtout le dialogue en toute vérité.

Image: Brigitte Fossey au temps de "Jeux interdits" © DR

Catégorie : Sens et foi

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