Cinéma – Un père livré à lui-même


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Cinéma – Un père livré à lui-même
Par La rédaction
Publié le - Modifié le
3 min

Le cinéaste belge Guillaume Senez relate le quotidien d’un quadragénaire, tiraillé entre ses obligations professionnelles et sa situation familiale complexe. Ce drame réaliste dresse un regard pertinent sur l’état de notre société.

C’est l’histoire d’Olivier, quadragénaire au quotidien mouvementé. Responsable d’équipe dans un dépôt de vêtements de vente en ligne, cet homme engagé défend ses collègues contre les injustices imposées par sa hiérarchie. Du jour au lendemain, sa femme quitte le foyer sans donner de nouvelles. Il devra mener de front ses obligations professionnelles, l’éducation de ses deux enfants et les tâches ménagères…
A l’instar de Joachim Lafosse, cinéaste belge qui relatait la séparation à travers L’économie du couple, le franco-belge Guillaume Senez décrit une situation familiale très contemporaine. Sans artifice, le réalisateur nous plonge dans le quotidien d’un père de famille incarné par l’acteur français Romain Duris. Si tout le monde a un jour croisé un proche ou un ami dans cette situation, le cinéma avait rarement évoqué le sujet d’aussi près. A l’instar de nombreuses autres familles, ce père vit modestement dans un appartement avec ses deux enfants. Il n’est ni riche ni pauvre. Sa vie peut basculer d’un jour à l’autre, c’est cet équilibre qui crée la tension tout au long du film. Ce long-métrage, intitulé Nos batailles, est intelligemment titré au pluriel. Plus que la bataille d’un homme, le film évoque une situation sociale, dans laquelle on dresse un état des lieux de la société. Dans la sphère professionnelle, on voit ainsi des personnages délaissés par leur hiérarchie et craindre pour leur avenir.

Un film quasi autobiographique

Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur de 40 ans signe un film quasi autobiographique. "Quand je préparais le film ’Keeper’ (son premier long-métrage, autour de deux adolescents qui affrontent la parentalité, NDLR), je me suis séparé de la mère de mes enfants", évoque Guillaume Senez. "Comme Olivier dans le film, j’ai appris à vivre seul avec eux. J’ai appris à les regarder, à les entendre et à les comprendre. Ce fut une période fondatrice pour moi. En tant qu’homme mais aussi en tant que cinéaste." Plutôt dramatiques, Nos batailles esquissent un brin de positivisme en évoquant le parcours du père qui se redresse petit à petit. Malgré les difficultés, le noyau familial retrouve un équilibre. Dans sa démarche, Guillaume Senez insuffle d’ailleurs un vrai réalisme aux séquences, créé par les mouvements de caméra, l’absence de lumière artificielle mais également le jeu des acteurs principaux. le réalisateur développe à ce propos une démarche très particulière, celle d’expliquer aux acteurs une situation. Une fois que la caméra s’enclenche, à eux d’improviser en fonction des indications.
Primé dans de nombreux festivals à travers le monde pour son premier film, Guillaume Senez signe avec ce deuxième long-métrage une fresque sociale percutante et surtout très pertinente. Voilà qui promet un bel avenir pour ce jeune cinéaste belge.

Géry BRUSSELMANS

Catégorie : Culture

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