La servante bretonne renaît au grand écran sous l’impulsion du réalisateur Bruno Podalydès. Cette adaptation décalée est portée par une pléiade d’acteurs connus, dont Josiane Balasko et Karin Viard.
Malgré les adaptations cinéma du Petit Nicolas et plus récemment de Gaston Lagaffe, l’arrivée de Bécassine au grand écran semblait plus inattendue. La célèbre servante bretonne à la robe verte et blanche résonne encore dans la mémoire des jeunes générations mais pas aussi clairement que d’autres héros de BD. Cette héroïne apparaît pour la première fois en 1905 dans les pages de l’hebdomadaire pour jeunes filles La semaine de Suzette. Le succès aidant, le dessinateur Joseph Pinchon décline les aventures de Bécassine en une trentaine de bandes dessinées jusqu’au début des années 50. L’héroïne ressuscite ensuite à la fin des années 70 grâce à la voix de Chantal Goya et son célèbre refrain Bécassine, c’est ma cousine. C’est une productrice française qui entreprend cette adaptation cinéma en confiant le projet à Bruno Podalydès (Adieu Berthe, Comme un avion).
Egalement scénariste du film, Bruno Podalydès prend le pari de mêler un décor du début du XXe siècle avec un ton résolument décalé, voire burlesque. Naïve et enjouée, Bécassine décide de quitter sa Bretagne natale vers Paris, la ville de ses rêves. Après les premiers kilomètres parcourus, elle croise la marquise de son village, qui lui propose de veiller sur Loulotte, bébé né d’une relation extraconjugale. Bécassine accepte et découvre ainsi la vie de château, mais aussi la vie en communauté avec la marquise et son personnel, qui voit débarquer un charmant organisateur de spectacles…
Inspiré de dessins d’Hergé
Bruno Podalydès intègre ainsi une série de personnages déjà vus dans la bande dessinée, plante l’intrigue dans un décor d’époque (un petit château en pleine campagne), mais y ajoute une tonalité quasi burlesque. On retrouve entre autres Karine Viard dans le rôle d’une marquise fantasque et désinvolte ou encore Josiane Balasko dans la peau d’une femme de chambre résolument sans gêne. Le personnage de Bécassine est quant à lui incarné par Emeline Bayart, une actrice peu connue déjà apparue dans certains films de Bruno Podalydès.
Le réalisateur affirme s’être inspiré de l’univers de Bécassine et s’autorisant de nombreuses libertés sur le fond et la forme. "J’ai puisé dans les différentes bandes dessinées de Bécassine, mais je me suis également inspiré d’images et même de dessins d’Hergé et des gravures de Gustave Doré", confie Bruno Podalydès.
Cette fresque étonnante évoque en parallèle des thèmes également traités dans la bande dessinée: le développement des technologies (voiture, téléphone, électricité), les différences de classes sociales, le besoin de reconnaissance et de notoriété…
Cette adaptation au grand écran de Bécassine a valu à Bruno Podalydès de vives critiques de la part de la communauté bretonne, voyant en "Bécassine le symbole d’une bretonne un peu sotte au service de la bourgeoisie parisienne". Vous allez sans doute être surpris par cette adaptation, mais le film vaut le coup d’œil pour son côté nostalgique.
Géry BRUSSELMANS