Alors que Mawda, la fillette de deux ans tuée par balle lors d’une course-poursuite avec la police sur l’autoroute E42 le 17 mai, sera inhumée demain (30 mai) au cimetière d’Evere, citoyens et monde universitaire demandent la régularisation de ses parents.
Après un rassemblement de soutien le 23 mai, devant l’université Saint-Louis, à Bruxelles, (auquel le recteur, Pierre Jadoul, a apporté sa caution), quatre enseignants-chercheurs ont décidé d'aller plus loin et de diffuser une pétition dans laquelle ils réclament la "régularisation immédiate" de la famille kurde. Pétition qui a rapidement reçu un millier de signatures.
Ce succès – ajouté aux propos de Bart De Wever et Theo Francken (pointant la responsabilité des parents dans la mort de leur fille) – ont donc incité Pascale Vielle, Chloé Salembier, Elisabeth Lagasse de Locht (de l’UCL) et John Nève (Saint-Louis) à aller plus loin. Ils ont transmis aux onze recteurs du pays un courriel, demandant que les "universités s’unissent en vue de demander a minima la régularisation immédiate et définitive de la famille Shawri pour raison humanitaire".
A ce jour, la famille Shawri a reçu un ordre de quitter le territoire. "Après l’enterrement de leur enfant, les parents devront donc choisir entre poursuivre clandestinement leur route vers l’Angleterre, tenter d’introduire chez nous une demande d’asile à l’issue incertaine ou accepter un rapatriement volontaire vers l’Irak", expliquent-ils avant de conclure que "la régularisation immédiate et définitive pour raison humanitaire est la seule décision digne et humaine que notre pays peut prendre en réponse à ce drame".
Les recteurs écrivent à Charles Michel
Ce mardi, les onze recteurs des institutions universitaires francophones et néerlandophones ont donc adressé une lettre au Premier ministre Charles Michel dans laquelle ils disent appuyer la demande de régularisation définitive de la famille de Mawda. Une telle décision permettrait à cette dernière «de suivre la procédure judiciaire et de se recueillir sur sa tombe». Dans ce courrier, les signataires ont également exprimé leur préoccupation «devant le climat actuel à l’égard des migrants qui conduit à une dégradation progressive du respect dû aux personnes et de la protection des plus vulnérables dans nos sociétés». Et de conclure que "si rien ne pourra réparer l’irréparable, une régularisation définitive serait un geste destiné à retrouver un climat plus conforme aux valeurs de notre société issue des lumières et de la déclaration universelle des droits de l’Homme».
Cette démarche s'ajoute à d'autres allant dans le même sens, notamment la pétition sur le site de Ciré (Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers) qui a été signée par de nombreuse associations comme le Centre Avec ou le Mouvement chrétien pour la paix.
P.G.
Les funérailles de Mawda auront lieu mercredi à 14h. En accord avec les parents et la Plateforme citoyenne, un cortège funèbre s'élancera au départ du centre d’accueil « La Porte d’Ulysse » à Haren. Les personnes qui souhaitent prendre part à ce cortège sont invitées à s'habiller en blanc.