Un hommage national a été rendu au lieutenant-colonel de la gendarmerie française, tué dans la prise d’otages d’un supermarché à Trèbes. Dans son allocution, le président Emmanuel Macron a salué « l’esprit français de résistance » du gendarme. L’archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a invité les catholiques à prier pour toutes les victimes de l’attaque terroriste perpétrée à Trèbes ainsi que pour leurs familles éprouvées par le deuil et la souffrance.
« Le gendarme Beltrame faisait face à l’agression islamiste, face à la haine, face à la folie meurtrière et avec lui surgissait du cœur du pays l’esprit français de résistance », a déclaré le chef de l’Etat français dans l’éloge funèbre prononcé lors de l’hommage national dans la Cour d’honneur des Invalides. Une cérémonie s’est tenue en présence des anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, des membres du gouvernement et de dirigeants politiques de tous bords.
Après avoir rendu hommage « aux blessés, aux morts et à leurs familles » de l’attaque, Emmanuel Macron a prononcé l’éloge funèbre précisant qu’Arnaud Beltrame incarne l’esprit français de résistance. « Il rejoint le cortège valeureux des héros qu’il chérissait », a déclaré le président français. Appelant chaque citoyen à « un regain de vigilance et de civisme face à l’islamisme souterrain », Emmanuel Macron a ajouté: « Ce ne sont pas seulement les organisations terroristes, les armées de Daech, les imams de haine et de mort que nous combattons. Ce que nous combattons, c’est aussi cet islamisme souterrain (…) qui sur notre sol endoctrine par proximité et corrompt au quotidien ».
Le frisson de la Nation
Le président Macron est ensuite revenu sur le sacrifice du militaire pendant la prise d’otages du supermarché de Trèbes. « Arnaud Beltrame avait rendez-vous avec sa vérité d’homme, de soldat, de chef. Il n’aurait laissé sa place à personne, car l’exemple vient du chef. Quand nous avons appris son geste, nous tous, Français, avons tremblé d’un frisson singulier : l’un d’entre nous venait de se lever. Par la bravoure d’un seul, entrainant la Nation à sa suite, cette détermination inflexible face au nihilisme barbare convoqua aussitôt dans nos mémoires les hautes figures de Jean Moulin, de Pierre Brossolette, des martyrs du Vercors et des combattants du maquis », a poursuivi Emmanuel Macron.
Avec subtilité – laïcité de l’Etat oblige – , le chef de l’Etat français a fait allusion à la foi d’Arnaud Beltrame et au fait que le terrorisme dévoie les religions: « Et tous – je le sais – partagent la certitude profonde qui animait le lieutenant-colonel Beltrame: celle que son destin ne lui appartenait pas tout à fait, qu’il avait partie liée avec quelque chose de plus élevé que lui-même. (…). L’intolérable, jamais ne peut l’emporter. Le camp de la liberté, celui de la France, est confronté aujourd’hui à un obscurantisme barbare, qui n’a pour programme que l’élimination de nos libertés et de nos solidarités. Les atours religieux dont il se pare ne sont que le dévoiement de toute spiritualité, et la négation même de l’esprit. Car il nie la valeur que nous donnons à la vie. »
Dans son discours, le chef de l’Etat a également évoqué la mémoire de l’octogénaire Mireille Knoll, « assassinée parce qu’elle était juive », alors qu’une « marche blanche » est organisée en hommage à cette rescapée de la Shoah.
A l’issue de son discours, le président de la République a remis à Arnaud Beltrame la décoration de commandeur de la Légion d’Honneur puis a observé une minute de silence.
L’Eglise de France s’est associée à l’hommage
L’hommage de la France avait débuté au Panthéon vers 10 heures, d’où est parti le cortège funéraire. Escorté par huit motards de la Garde républicaine, le cercueil a rejoint ensuite l’Hôtel des Invalides où se tenait la cérémonie, en présence notamment de 200 de ses « frères d’armes ». Fait rare, le gros bourdon de la cathédrale Notre-Dame a sonné pendant le parcours. C’est une décision prise par le diocèse de Paris qui, par ce geste a tenu tout spécialement à s’associer à l’hommage national du gendarme, qui ne cachait pas sa foi; une foi profonde qui l’animait et qu’il avait découverte à l’âge de 33 ans. Au cœur de la Semaine Sainte où l’Eglise fait mémoire de la Passion et la Résurrection du Seigneur, l’archevêque de Paris, Mgr Aupetit a voulu rappeler que « l’espérance qui habite les chrétiens, convaincus que seul l’amour peut vaincre la haine et que la vie est plus forte que la mort. ». Par ailleurs, Mgr Antoine de Romanet, évêque aux armées françaises, doit présider une messe à l’intention du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame et de tous les défunts de Trèbes, ce mercredi à 20h30 en l’église Saint-Sulpice à Paris.
Partout dans l’Hexagone, les écoles ont été invitées par le ministère français de l’Education, à respecter une minute de silence au moment où le président Macron et les quelque 400 personnes présentes aux Invalides, faisaient de même.
Par ailleurs, les évêques de France ont publié un communiqué, par lequel ils déclarent que « l’Eglise catholique entend combattre le fléau de l’antisémitisme et assurer de sa solidarité la communauté juive en ce temps d’épreuve. » Tout en faisant part de «sa profonde tristesse devant l’horreur» du meurtre de Mireille Knoll et «en assurant de son soutien et de sa prière sa famille et toute la communauté juive, encore une fois touchée, en raison de sa religion», la Conférence des évêques de France (CEF) a encouragé tout un chacun à se joindre à la marche blanche qui aura lieu en fin de journée, dans la capitale française. « Les catholiques veulent manifester leur fraternité à leurs amis juifs et leur redire avec Saint Jean Paul II: ‘Vous êtes nos frères préférés et, d’une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés’. Pour l’Eglise, en effet, l’antisémitisme, comme toute forme de racisme, reste un fléau dont le meilleur rempart sera la cohésion nationale, conclut le communiqué de la CEF.
J.J.D. (avec agences)