Biodiversité: les scientifiques belges sonnent l’alarme


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Biodiversité: les scientifiques belges sonnent l’alarme
Par Sophie Delhalle
Publié le - Modifié le
3 min

Ce lundi 26 mars, 270 scientifiques belges signent une opinion dans le journal La Libre pour alerter les consciences : "L'avenir de l’homme dépend de la biodiversité. Il est temps que nous en fassions tous la plus haute priorité."

Aujourd'hui, un ensemble de quatre rapports d'évaluation régionaux sur l'état de la biodiversité et des services écosystémiques sont publiés par la Plateforme Intergouvernementale pour la Biodiversité et les Services Ecosystémiques (IPBES).

Selon les évaluations, préparées par plus de 500 experts internationaux provenant de plus de 100 pays, la biodiversité est fort dégradée. Par exemple, en Europe et en Asie Centrale, la population d'environ la moitié de tous les animaux et plantes marins (pour laquelle nous avons des données) a diminué au cours de la dernière décennie. Les espèces d'eau douce subissent également une pression énorme, car les rivières, les ruisseaux, les lacs et les étangs sont les habitats plus menacés en Europe : 37% des poissons d’eau douce sont menacés d’extinction. Les espèces et les écosystèmes terrestres ne sont pas épargnés: seuls 16% des habitats terrestres de l'Union européenne ont un statut de conservation favorable (sur la période 2007-2012). Globalement, les plantes et les espèces animales disparaissent actuellement entre 100 et 1000 fois plus vite que le taux d'extinction naturel; ce que certains scientifiques appellent le début de la sixième extinction de masse. Des conclusions et des chiffres on ne peut plus alarmants !

La perte de biodiversité: quelles conséquences?

La biodiversité est reconnue mondialement comme la pierre angulaire des écosystèmes sains. Elle constitue la base de tous les «services» produits par la nature qui nous fournit nourriture, médicaments, matières premières nécessaires à l'activité économique et à l'innovation, entre autres choses.

La biodiversité offre également des services de régulation tels que la production d'oxygène dans l'atmosphère, la régulation de la qualité de l'air, la régulation du climat, la purification de l’eau, la fixation de l'azote dans nos sols et la pollinisation. Autre point important, la biodiversité nous rend plus résistants et résilients. Lorsqu'elle disparaît, les écosystèmes deviennent moins résilients ce qui entraînera à court terme la disparition des services qu'ils nous rendent.

Quelles solutions?

Jean-Pascal Van Ypersele, docteur en sciences physique de l'UCL et climatologue, est l'un des 270 signataires

La perte de biodiversité est causée par un certain nombre de facteurs tels que l'agriculture intensive, le changement climatique, le développement urbain, la surexploitation et l’utilisation non-durable des ressources naturelles, la pollution de l’air, des terres et des eaux, le nombre croissant des espèces invasives et leur impact, entre autres. La plupart de ces problématiques doivent être traitées mondialement, et pour ce faire, les actions doivent être menées aux niveaux national, régional et local.

Si l'’évaluation de l'IPBES offre un aperçu de la situation globale, elle fournit également une liste d’options pour différents secteurs d’activité afin d’améliorer la situation actuelle. Par exemple, l’IPBES propose de développer une meilleure intégration entre les secteurs, ce qui permettrait une prise en compte plus systématique de la biodiversité par les décideurs publics et privés. Originalité à souligner, l'IPBES propose aussi de mesurer le bien-être national non pas seulement d'après des indicateurs économiques mais en tenant compte des diverses valeurs de la nature.

Sans grande surprise, cette évaluation avance comme pistes des réformes fiscales écologiques pour inciter et soutenir le passage au développement durable ou encore un renforcement de la sensibilisation du public, l’amélioration des législations et surtout la sécurisation des fonds pour la conservation des espèces.

Un seul mot d'ordre : Agir!

En marge de la publication de l'évaluation de l'IPBES, les chercheurs belges, appellent les différentes autorités de notre pays à prendre des mesures urgentes pour la sauvegarde de la biodiversité. Pour leur part, ils s'engagent à mener les recherches scientifiques écologiques et sociales nécessaires pour soutenir de telles mesures. L'avenir de l’homme dépend de la biodiversité. Il est temps que nous en fassions tous la plus haute priorité.

S.D.

 

Pour connaître la liste complète des signataires, cliquer sur le lien ci-dessous.

Source : La Libre Belgique

Illustrations: Pixabay - CC0 - Commons wikipedia - CC0

Catégorie : Belgique

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