Rien n’a fait fléchir le président américain dans sa décision de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Pourtant les mises en garde ont été unanimes. Aujourd’hui, tout le monde redoute un regain de violence dans la région.
Donald Trump a donc bien annoncé son intention de transférer l’ambassade des Etats-Unis en Israël de Tel Aviv à Jérusalem. De facto, le président américain reconnaît donc la Ville sainte comme capitale de l’Etat d’Israël. Aucune des mises en garde n’a fait fléchir le locataire de la Maison blanche. Pourtant, cette reconnaissance est inacceptable pour l’ensemble des pays arabes et pour nombre des alliés des Etats-Unis, notamment les pays européens. Le pape François avait lui-même lancé un appel à la paix lors de l’audience générale de mercredi.
Aujourd’hui, les condamnations sont unanimes, de Pékin à Londres, en passant par Moscou et le Saint-Siège. Même l’Arabie saoudite, pourtant aliiée des USA, a condamné cette décison. De son côte, le Saint-Siège a rappelé sa position par la voix de Mgr Silvano Tomasi (photo), observateur émérite auprès de l’ONU à Genève, au micro de Radio Vatican: « Deux états indépendants, respectueux des droits de chacun. Un Etat israélien et un Etat palestinien ». Le souhait du Saint-Siège est de trouver une ligne politique de convergence des efforts. Mgr Tomasi a mis en garde contre le risque de nouvelles violences, au lendemain de l’annonce du président des Etats-Unis. « Jérusalem doit rester accessible aux trois grandes religions abrahamiques : aux chrétiens, aux musulmans et aux juifs. Le fait de dire que Jérusalem est la capitale d’Israël seulement, avec les conséquences juridiques qui pourraient suivre, compliquerait certainement cette position qui est soutenue depuis toujours par les Nations unies et par le Saint-Siège », a averti le prélat. Pour Mgr Tomasi, actuellement membre du dicastère pour le service du développement humain intégral, il faut garantir la paix. « Nous voyons qu’il y a grand besoin de travailler ensemble, de se comprendre et au contraire, ces affirmations – rompre ce qui est un peu le consensus international – porte le risque de nouvelles violences. Et cela, nous devons l’éviter de toutes les manières possibles ».
De leur côté, les chefs des Eglises de Jérusalem ont adressé une lettre ouverte au président des Etats-Unis, dans laquelle ils s’inquiètent des « conséquences irréparables » de sa décision. Selon eux l’initiative de Donald Trump ne fera, , « qu’accroitre la haine, le conflit, la violence et la souffrance à Jérusalem et dans toute la Terre Sainte ». Et de lancer un appel solennel : « Nous vous demandons, Mr le Président de nous aider à cheminer vers plus d’amour et vers une paix définitive, une paix qui ne peut être obtenue si Jérusalem n’appartient pas à tous », ont-ils écrit.
Nouvelle intifada?
Donald Trump n’a jamais fait mystère de son intention sur cette question délicate, ayant répété lors de sa campagne électorale en 2016 qu’il entendrait appliquer la loi de 1995 transférant l’ambassade américaine à Jérusalem. Or, l’application de loi a toujours été repoussée de six mois en six mois depuis son adoption, par tous les présidents américains. Trump a donc rompu ainsi la tradition diplomatique américaine qui prévalait jusqu’ici. Par ailleurs, ce geste historique porte atteinte à l’un des points les plus épineux du conflit israélo-palestinien : le statut même de Jérusalem, la Ville trois fois sainte que se disputent depuis près de 70 ans, Israéliens et Palestiniens. C’est dire donc les conséquences incalculables que peut avoir cette décision explosive sur la ville divisée, la Terre Sainte, et au-delà, la région toute entière.
Ce jeudi, le mouvement islamiste Hamas a d’ores et déjà appelé à un nouveau soulèvement populaire palestinien. « On ne peut faire face à la politique sioniste soutenue par les Etats-Unis qu’en lançant une nouvelle intifada », a déclaré le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans un discours prononcé depuis la bande de Gaza.
De son côté, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi que le président américain Donald Trump était « entré à jamais dans l’histoire » de Jérusalem en reconnaissant cette dernière comme la capitale d’Israël. « Son nom s’affichera avec fierté au côté d’autres noms dans l’histoire glorieuse de notre ville », a-t-il dit lors d’un évènement organisé par le ministère des Affaires étrangères. Pour prévenir tout soulèvement, l’armée israélienne a annoncé qu’elle allait déployer des forces supplémentaires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé.
De toute évidence, Donald Trump a mis à mal le processus de paix entre Palestiniens et Israéliens, avec un risque réel d’embrasement de la région, déjà sous haute tension.
J.J.D. (avec Radio Vatican et Zenit)