Entre un coup de feu inaugural et un coup de théâtre final, The Party révèle un carnage psychologique à l’anglaise! Un film destiné aux cinéphiles et/ou aux amateurs de cinéma britannique.
Après le délicieux Paddington 2 que l’on prend un grand plaisir à voir en famille, le cinéma britannique nous offre encore cette semaine une pépite, mais dans un tout autre genre… The Party, c’est l’histoire de Janet (Kristin Scott Thomas) qui vient d’être nommée ministre de la Santé, l’aboutissement de toute une carrière. Avec son époux Bill (Timothy Spall), elle réunit quelques amis proches. Mais la fête prend un tournant inattendu quand Bill fait soudainement une révélation inattendue qui remet en question leurs relations…
Avec ce film, la réalisatrice Sally Potter offre une comédie noire, typiquement british, filmée en noir et blanc, avec une seule caméra, essentiellement portée à l’épaule. C’est à un véritable carnage psychologique que la libération de la parole va donner lieu. Le film, relativement court (71 minutes) se déroule quasiment à huis clos, dans plusieurs pièces d’une maison où trône, dans le salon, Bill, l’époux de Janet. Cette dernière vient d’être nommée ministre dans le "shadow cabinet", c’est-à-dire dans le cabinet "fantôme" (alternatif au gouvernement), constitué par les principaux membres de l’opposition officielle. Le spectateur découvre alors que si celle-ci se réjouit de l’évolution de sa carrière politique, elle mène de front une relation adultérine que l’on comprend par le biais d’échanges téléphoniques de l’intéressée.
Théâtre filmé
Toutefois, le temps avançant, Bill va annoncer une nouvelle qui va modifier la donne des relations entre les uns et les autres. Le drame s’amplifie alors au gré des liens que chacun entretient avec les protagonistes. Deux personnages, pas vraiment secondaires, vont traverser cette histoire, à commencer par Gottfried (Bruno Ganz) qui joue le rôle d’un sage, adepte d’une vie saine et naturelle et qui est toujours de bon conseil. Il y a également Tom (Cillian Murphy), plus jeune que les autres, qui semble avoir un compte à régler ou quelque chose à dire.
"A travers le regard inquisiteur de la caméra, nous sommes les témoins des tentatives désespérées du groupe pour garder un semblant de dignité et de cohérence entre leur morale de droite et leurs idées politiques de gauche", explique Sally Potter.
La réalisatrice livre ici un film avec de nombreux rebondissements, comme dans certaines pièces de théâtre, et met en avant la narration. Tout est exposé, rien n’est caché, et les personnages, la lumière et l’obscurité, la voix et la musique sont au service de l’intrigue.
A noter enfin que le tournage s’est déroulé en deux semaines, en juin 2016, alors que le pays était en pleine réflexion sur le Brexit. Une partie des dialogues fera donc mouche auprès des compatriotes de la réalisatrice. Tandis que les spectateurs continentaux qui ne saisiront pas toutes les allusions et sous-entendus, mais qui aiment un cinéma de qualité et d’auteur, se réjouiront tout autant avec les dialogues ciselés. Sally Potter manie ici l’humour sur une lame de rasoir. Un humour cynique et dévastateur servi avec enthousiasme par d’excellents acteurs.
Charles DE CLERCQ - RCF
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