Le pape François a autorisé la Congrégation pour les Causes des Saints à promulguer douze décrets reconnaissant quatre miracles et les vertus héroïques de huit Serviteurs de Dieu, dont celles du cardinal polonais Stefan Wyszyński.
Primat de Pologne entre 1948 et 1981, le cardinal polonais Stefan Wyszyński fut nommé, pour ses mérites pour le pays et pour l’église catholique, le « Primat du millénaire » par saint Jean-Paul II. Selon le pape polonais «un primat tel que Wyszyński apparaît une fois tous les mille ans».
Stefan Wyszyński est né en 1901 dans un village situé sur le territoire de l’Empire russe, dans une famille catholique modeste. Formé au séminaire de Wloclawek, à 160 km de Varsovie, il sera ordonné prêtre en 1924. Lors de l’occupation allemande de la Pologne, son évêque le contraint à abandonner ses études de droit canonique, et à exercer son ministère dans la clandestinité. La Gestapo avait inscrit son nom sur la liste des religieux polonais considérés comme dangereux, au même titre que saint Maximilien Kolbe. Lors de l’insurrection de Varsovie en 1944, le père Wyszyński sert comme aumônier militaire. Il recueille la confession et donne les derniers sacrements aux mourants, qu’ils soient polonais ou allemands.
Fin de la Seconde guerre mondiale, le Comité de libération nationale, sous contrôle de l’Union soviétique, dirige le pays. A cette époque, le père Wyszyński est ordonné évêque de Lublin, puis nommé archevêque de Gniezno et de Varsovie. Il préside la conférence épiscopale à partir de 1948 à 1981, défendant la liberté religieuse et la paix, réclamant un désarmement dans le pays.
Lutte contre les autorités communistes
En 1952, une nouvelle Constitution est adoptée en Pologne. Avec l’avènement de la République populaire de Pologne, le clergé est dans la ligne de mire des autorités qui instaurent une propagande marxiste et athée. Malgré la récurrence d’articles virulents de la Pravda (ndlr: le journal « officiel » de l’ex-URSS) à son encontre, Mgr Wyszyński signe une lettre ouverte au gouvernement polonais, intitulée « Non possumus « . Les évêques polonais en sont tous signataires. Ils refusent de collaborer avec le régime communiste. Le 25 septembre 1953, il est interpellé et incarcéré pendant trois ans, n’emportant avec lui que son bréviaire et son rosaire. Alors qu’il est en prison, le pape Pie XII le créé cardinal lors du consistoire du 12 janvier 1953. A sa libération, à la faveur de la révolution intitulée « Octobre polonais », il reprend son ministère, mais ne pourra se rendre à Rome qu’un an plus tard, en 1957, pour recevoir sa barrette de cardinal. Rappelons qu’à la suite de la mort de Staline en mars 1953 et aux transformations qui ont suivi en Union Soviétique, une révolte ouvrière éclata en juin 1956 dans la ville de Poznań; révolte qui fut brutalement réprimée par le régime communiste. Néanmoins tous ces événements aboutissent à des conflits au sein du parti au pouvoir et une nouvelle équipe dirigée par Wladyslaw Gomułka arrive au pouvoir. Sans consulter les Soviétiques, le comité central nomme Gomułka au poste de premier secrétaire. Ce dernier fait un discours à Varsovie devant une foule immense critiquant le stalinisme et promettant des réformes démocratiques.
Cardinal électeur lors du conclave de 1978, on perçoit son émotion intense lorsqu’il s’agenouillera et tombera dans les bras de son ami Karol Wojtyla, nommé évêque de Cracovie en 1958 et tout juste élu au siège de Pierre. Le pape Jean-Paul II le prit alors dans ses bras avant de l’embrasser sur le front.
Les deux hommes restent des figures nationales majeures aujourd’hui en Pologne. Côte à côte face aux communistes, leur position divergea en août 1980. Le cardinal Stefan Wyszyński choisit de mettre en garde les grévistes de Gdansk, menés par Lech Walesa, contre une intervention soviétique, quand saint Jean-Paul II choisira de soutenir le mouvement.
Le cardinal Stefan Wyszyński décède le 28 mai 1981, quinze jours après la tentative d’assassinat visant Jean-Paul II. Le procès en béatification du primat fut ouvert en 1989, à l’initiative du pape polonais.
Sept autres Vénérables
Ce mardi 19 décembre, le pape François a également reconnu les vertus héroïques de trois autres Serviteurs de Dieu: un père polonais du XIX ème siècle Paolo Smolikowski, profès de la Congrégation de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus Christ ; un missionnaire espagnol du XVIème siècle, le père Alfonso Barzana, et un missionnaire irlandais prêtre profès de la Congrégation de la Sainte Croix, le père Patrick Peyton décédé aux Etats-Unis en 1992.
Le Saint-Père a aussi fait vénérables quatre Servantes de Dieu. Il s’agit de Maria Anna de Saint Joseph, la fondatrice espagnole des Monastères de sœurs augustiniennes Recollette au XVI ème siècle, de Luisa Maria Langstroth Figuera De Sousa Vadre Santa Marta Mesquita e Melo, la fondatrice de la Congrégation des Servantes de Notre Dame de Fatima au XXème siècle, de l’Italienne Anna del Salvatore, sœur de la Congrégation des Sœurs filles de Sainte Anne décédée à la fin du XI Xème siècle, et d’une laïque italienne paralysée à 22 ans, Maria Antonia Samá, décédée à Sant’Andrea Jonio en 1953.
Avec Radio Vatican (Marie Duhamel)