Après la Birmanie, le pape François est attendu ce jeudi 30 novembre 2017 à Dacca, la capitale du Bangladesh. Ce voyage de deux jours aura une forte valeur interreligieuse et aura pour but de visiter une petite communauté catholique d’environ 350.000 fidèles, sur une population totale de plus de 165 millions de personnes.
Peu de Bangladais savent que le chef de l'Eglise catholique vient visiter leur pays. A part quelques discrets drapeaux du Vatican sur la route de l’aéroport de Dacca, rares sont les signes extérieurs de la venue du pape dans cette mégapole. Cette discrétion est à l'image de la communauté catholique du pays, extrêmement petite par rapport au restant de la population, musulmane à 87%. Cette visite est la seconde d’un souverain pontife après Jean-Paul II, si l’on excepte l’escale de quelques heures qu’y fit Paul VI en 1970.
Avant de quitter la Birmanie, le souverain pontife a plaidé pour l’unité estimant qu’il n’était plus possible de "rester isolés les uns des autres", faisant ainsi un référence inplicite au traitement de la minorité musulmane des Rohingyas. Dans cet esprit, après avoir recommandé "le pardon" aux 150.000 fidèles catholiques réunis sur un immense terrain de sport pour une messe en plein air, François s’est entretenu dans l’après-midi avec la Sangha, plus haute instance bouddhiste du pays. Il a appelé les bouddhistes birmans "à dépasser toutes les formes d’intolérance, de préjugé et de haine". Pour le pape, "toute la société doit participer au travail de dépassement du conflit et de l’injustice".
Le successeur de l'apôtre Pierre a ensuite terminé sa journée par une rencontre avec les 22 évêques de Birmanie, appelés comme les bouddhistes à œuvrer pour l’unité du pays. "La communauté catholique peut être fière de son engagement pour les pauvres, pour ceux qui sont privés de droits et surtout, ces temps-ci, pour tant de déplacés qui, pour ainsi dire, gisent blessés au bord de la route", a déclaré François avant de prendre l'avion pour Dacca.
Bangladesh, terre de mission
Au Bangladesh musulman, les chrétiens sont présents dès le XVIe siècle, grâce à l’œuvre des Portugais. L’évangélisation a longtemps été menée par des étrangers. Il faut ainsi attendre 1968 pour que le premier évêque bangladais soit ordonné. Ce qui n’empêche pas de nombreux missionnaires d’œuvrer encore dans différents domaines : l’éducation, avec en tête l’université Notre-Dame, de la congrégation de Sainte-Croix, ou l’aide aux enfants des rues.
L’Eglise du Bangladesh, périphérie de l’Eglise universelle, est aussi périphérique quand on pense à ses membres: des anciens intouchables hindous, des tribus autochtones, oubliés du pouvoir et du développement économique. Pourtant, les chrétiens sont loin d’être invisibles. Si les conversions sont rares dans un pays très majoritairement sunnite, les chrétiens sont appréciés pour leur sens du service. C’est pour les conforter et les encourager à sortir de leurs lieux de culte discrets que le pape vient les voir. C’est à ce prix qu’avancera le dialogue interreligieux qui lui est si cher. Enfin, à Dacca, Fraçois doit un petit groupe de réfugiés rohingyas.
J.J.D. (avec agences)