Depuis quelques années, les citoyens ont décidé que l'économie libérale dominante n'était pas (plus!) une fatalité. Se sont alors développés des modèles économiques dits alternatifs.
Depuis quelques années, les citoyens ont décidé que l'économie libérale dominante n'était pas (plus!) une fatalité. Se sont alors développés des modèles économiques dits alternatifs. Positives, collaboratives, participatives, solidaires, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier ces nouvelles manières de contribuer au développement économique de manière plus éthique. Ces alternatives de financement (re)placent l'humain au centre.
Le terme crowdfunding signifie littéralement "financement par la foule"; ce procédé est donc proche de la souscription qui existe depuis le 19e siècle. La première plateforme voit le jour en 2001; il s'agit de Artistshare, utilisée surtout par les musiciens de jazz. Dix ans plus tard, 450 plateformes sont recensées sur le net.
En Belgique, le crowdfunding a trouvé sa place sur le marché des crédits et de l’investissement. Les montants souscrits par ce biais étaient d’environ 4 millions d’euros en 2015 et sont passés à 10,9 millions d’euros en 2016. Les Belges commencent donc à se familiariser avec ce genre de pratiques. Ce sont aussi 489 entreprises qui ont eu recours à ce type de financement en 2016 pour lancer ou développer leur activité.
Le principe du crowdfunding est celui des gouttes d'eau qui forment l'océan ; les internautes choisissent de financer des projets en y investissant de petites sommes. Le crowdfunding permet ainsi de mobiliser une communauté autour d'un projet qui la touche de près (ou non); ce système permet aussi aux jeunes entrepreneurs de tester la viabilité de leur projet, de le co-construire et de pouvoir tester son attractivité avant de faire le grand plongeon. N'importe quel projet - ou presque - peut faire appel au financement participatif mais le business et l'entrepreneuriat sont les deux catégories qui recourent le plus au crowdfunding. A côté des plateformes spécialisées, existent des sites plus généralistes où se côtoient mode et design, sports, culture, ou encore éducation comme sur le site belge HelloBank.
"J'ai confiance en mon projet et j'ai décidé de tenter l'expérience"
"J'ai confiance en mon projet et j'ai décidé de tenter l'expérience""J'ai étudié le stylisme modélisme à Bruxelles et, ensuite, j'ai fait une année de spécialisation dans la maille". explique Zoé Mommen dans la présentation de son projet sur le site HelloBank.
Zoé souhaitait étendre son activité et lancer sa première collection de vêtements en maille pour bébés. Son objectif était de récolter 5.000 euros; elle en a obtenu 6.046! Le principe était le suivant: selon le montant du don, Zoé propose une contrepartie liée à son activité. A titre d'exemple, pour un don de 35 euros, le donateur reçoit un pantalon de sa collection. Une manière aussi pour la créatrice d'attirer de futures client(e)s. La générosité des internautes lui permettra de proposer des petites chaussettes et des bonnets pour compléter sa collection.
Zoé avait déjà ouvert un atelier de couture et ne pensait pas au crowdfunding pour étendre son activité. "C'est une dame de chez HelloBank qui m'a contactée pour me proposer d'inscrire un projet" nous explique Zoé. "J'ai reçu beaucoup de conseils sur la manière de construire et de gérer ma campagne de levée de fonds." poursuit-elle. Idéalement, la durée de la collecte ne doit pas excéder 40 jours. "La préparation de ma campagne m'a pris une bonne semaine" précise Zoé. 90% des personnes ayant effectué un don ont un lien plus ou moins proche avec Zoé mais 10% sont de parfaits inconnus. Une fois la campagne terminée, la somme récoltée est versée sur le compte bancaire du bénéficiaire ... dont HelloBank retranche une commission. Petit bémol donc. Les commissions varient entre 5 et 10% selon les plateformes. A noter également que dans le cas de Zoé, la plateforme de crowdfunding HelloBank est gérée par une grande banque bien connue en Belgique... Le système bancaire classique a donc bien compris l'enjeu et l'engouement pour ce nouveau type de financement participatif.
Sophie Delhalle
