Près de trois cents participants dont des membres de l’O.C.J.B. (Organe de Consultation entre Chrétiens et Juifs en Belgique) se sont réunis à Bonn, du 2 à 5 juillet 2017, pour participer à la septantième conférence de Seelisberg. Le pape François, ami du rabbin A. Skorka, avait souhaité aux participants une conférence féconde.
Dans le cadre du septantième anniversaire de la Conférence de Seelisberg (1947) et des célébrations à l’occasion des cinq cents ans de la Réforme de Luther, le Conseil international des Chrétiens et des Juifs (International Council of Christians and Jews (ICCJ)) a pris pour thème de sa conférence annuelle: Réformer, relire et renouveler: Martin Luther et 500 ans de Tradition et de Réforme dans le judaïsme et le christianisme.
Pour le cardinal R. Marx, archevêque de Munich et Freising, président de la COMECE et depuis 2014 président de la Conférence épiscopale allemande, la réforme dans le catholicisme se laisse comprendre par la distinction qui existe entre l’Ecriture et la Révélation. La Révélation divine est un processus, un chemin de communication de Dieu qui cherche son peuple et lui parle. L’histoire n’est pas terminée, ni fermée: norma normans non normata. Le rôle du magistère est de discerner l’unité dans la multiplicité, ce qui est différent de l’unanimité. Selon lui, la réforme nécessite une autocritique, une ouverture de la théologie à la rationalité, à l’autre et aux sciences. Elle s’inspire des signes du temps. Le Dieu de la Bible est un Dieu vivant, sa Parole est vivante et ouverte à l’interprétation et au renouvellement, a rappelé le rabbin A. Skorka, avec les commentaires du Talmud et de la Torah à l’appui. Il a souligné que la tradition est le fondement de toute créativité et du nouveau, entre les deux il ne peut y avoir d’opposition, mais des tensions. Pour l’évêque M. Youvan, président de la Fédération mondiale luthérienne, la formule, ecclesia semper reformanda est exprime la réforme continue comme essentielle au protestantisme.
L’interprétation multiple et variée est bien connue dans le judaïsme, mais les réformes y sont rares et difficiles à opérer et à maintenir. En Israël, la liturgie est un lieu de renouvellement et de réforme. Selon certains, le christianisme, sans apporter des changements à sa théologie, pouvait se rapprocher davantage du judaïsme dans sa liturgie. Pour le président sortant de l’ICCJ, Ph. Cunningham, le dialogue entre les Juifs et les chrétiens, doit, au-delà des informations et la correction des préjugés, aboutir à des réflexions théologiques, sans syncrétisme. Les partenaires sont appelés à grandir dans la compréhension réciproque de la manière dont l’autre comprend sa religion. Le dialogue en interaction avec la théologie peut devenir source de renouvellement de la théologie elle-même. Peuples de l’Alliance, les Juifs et les chrétiens marchent dans l’Alliance avec Dieu, les uns en suivant la Torah, et les autres en suivant Jésus. Ce qui les unit est plus fort que ce qui les divise. Pour plusieurs intervenants, le dialogue entre les Juifs et les chrétiens se trouve à son début, un long chemin doit encore être parcouru. Dans l’avenir, les partenaires auront à inventer une nouvelle grammaire et un nouveau langage pour arriver à une expression précise de leur compréhension réciproque. Une belle exposition sur Luther était ouverte aux participants. Dans son message, le pape François, ami du rabbin A. Skorka, a souhaité aux participants une conférence féconde. Elle a permis à la grande famille de l’ICCJ de développer des amitiés précieuses et de construire des ponts vers les autres.
Lutgarde Verbouwe