Depuis les attentats terroristes perpétrés en Europe, notre pays, comme d’autres états européens, s’est engagé dans une escalade sécuritaire. Il n’est pas un jour qui passe sans que les médias nous commentent telles ou telles mesures prises pour se protéger. Avec, à la clé, un climat anxiogène qui s’installe comme un virus lent dans l’organisme. Certes, nous vivons dans une société en proie à bien des troubles. Les défis peuvent engendrer une relative crainte quant à l’avenir: mondialisation, flux migratoires, fin de l’hégémonie de la pensée occidentale, réchauffement climatique, faune et flore en péril, épidémies venues d’ailleurs… Autant d’occasions pour que les prophètes de malheur puissent affoler les populations! Ainsi, certains tentent de nous faire croire à l’invasion de l’Europe par des millions de demandeurs d’asile. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2016, le nombre de personnes qui ont bénéficié de l’asile au sein de l’Union européenne est de 710.400, pour une population totale de 510,1 millions d’habitants! Soit à peine… 0,14%! On est loin d’un envahissement.
Cette utilisation de la peur est hélas présente dans beaucoup de pays. On le constate encore en France, au cours de la campagne pour le second tour des présidentielles. La candidate du parti d’extrême-droite fait feu de tout bois pour se présenter en défenseur de la civilisation européenne, de la lutte contre la mondialisation, des lobbies, etc. L’autre candidat tient un langage moins déstabilisant pour l’électeur, mais il suscite aussi une certaine crainte vu son passé de banquier et de ministre de l’Economie. Du coup, certains appellent à voter pour son adversaire. Plus grave à mes yeux, des représentants se réclamant des valeurs chrétiennes n’hésitent pas à soutenir la représentante d’un parti xénophobe et anti-européen. On peut aussi regretter que le communiqué de la Conférence des évêques de France (CEF) n’ait pas été plus explicite, alors que l’Eglise protestante a clairement indiqué son choix de contrer l’extrême-droite. Sans doute, la CEF n’a-t-elle pas voulu entrer dans ce qui risquait d’apparaître comme une ingérence contraire au principe de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Mais, je l’ai déjà écrit: l’institution ecclésiale a tout autant le droit de s’exprimer que n’importe quel citoyen ou organisme, surtout si le bien commun est menacé!
Arrêtons donc de nous faire peur. Le monde change. C’est un défi. Mais aussi une bonne chose si l’évolution se fait dans le sens d’une plus grande solidarité et d’une société plus équitable. L’avenir sera ce que nous en ferons.
Jean-Jacques Durré
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