Comme chaque année, de nombreux adultes recevront le sacrement du baptême à l’occasion de la veillée pascale. Avant cela, ces catéchumènes auront cheminé pendant plusieurs mois voire des années, accompagnés par un prêtre et quelques laïcs. Un parcours jalonné d’étapes importantes pour découvrir et discerner.
Comme l’explique Olivier Windels, vicaire épiscopal en charge de la catéchèse et du catéchuménat pour le diocèse de Liège, « quand nous rencontrons ces adultes, ils ont déjà derrière eux tout un vécu, toute une histoire qui les a amenés vers nous… A partir de là commence le temps de la marche en commun, un itinéraire partagé au gré des questions et des réponses. » Ce temps va permettre au catéchumène d’explorer la Parole de Dieu, de s’initier à la foi et à la vie chrétienne en tissant des liens avec les membres de la communauté qui l’accueille. De découverte de soi en découverte de l’Autre… Ce parcours est donc vécu comme un accompagnement plus qu’un enseignement.
Tout commence avec le temps de la Première évangélisation pendant lequel le candidat au baptême découvre le Dieu des chrétiens et les engagements qu’implique une vie chrétienne aujourd’hui. Ensuite, pendant la période suivante appelée ‘Discernement’, le futur baptisé est amené à relire son parcours pour identifier dans sa vie les signes de sa croissance dans la foi.
Après ces deux premières étapes, l’entrée proprement dite en catéchuménat peut alors avoir lieu. Le candidat devient catéchumène lors de sa première rencontre publique avec la communauté paroissiale dans laquelle il va évoluer. Lors d’une messe dominicale ordinaire, l’adulte frappe à la porte de l’église. Il entre, puis entame un dialogue avec le célébrant pour annoncer, officialiser sa demande d’être baptisé. De cette façon, il est physiquement accueilli par le prêtre et la communauté chrétienne.
Pendant son catéchuménat, le chrétien ‘en devenir’ reçoit la Parole de Dieu, est invité à assister aux célébrations dominicales, à rencontrer ses accompagnateurs dans le but de développer un lien intime et personnel avec Dieu.
« Me voici »
Lorsque l’équipe qui encadre le candidat estime qu’il est prêt – en répondant aux trois questions suivantes: le catéchumène s’est-il intégré dans la communauté? A-t-il grandi, mûri dans sa foi? A-t-il mis en pratique la Parole? – et si celui-ci manifeste également le désir de recevoir enfin le baptême, il peut alors répondre à l’Appel décisif. Pour se faire, le futur baptisé doit adresser une lettre à l’évêque de son diocèse pour lui exposer sa motivation.
Au début du Carême, une célébration réunissant tous les catéchumènes d’un même diocèse est organisée. Chacun reçoit la bénédiction de l’évêque ainsi qu’un foulard mauve qu’il abandonnera le jour du baptême pour revêtir un foulard ou un vêtement blanc.
« C’est le moment de dire ‘oui’, d’oser un ‘me voici’, pour répondre à une invitation du Christ qui chamboule nos vies et nos cœurs: ‘Suis-moi’ (Mt 9,9) », poursuit Oliviers Windels, qui souligne qu’il s’agit d’un appel « tout intérieur mais qui se concrétise, se sacramentalise par la bouche de l’Eglise et se fait à nouveau entendre aux oreilles de chair, de vive voix, par le ministère de l’évêque. »
Pendant le Carême, le catéchumène vit un ‘temps d’illumination’ afin de se préparer au triple sacrement, ‘baptême-confirmation-eucharistie’. Le prêtre organise alors en paroisse trois « scrutins » – où Dieu scrute notre cœur – pour affermir la relation au Christ à la suite de la Samaritaine, de l’aveugle-né et de Lazare.
Après avoir accompli ce parcours, le catéchumène peut recevoir les sacrements de l’initiation chrétienne: pendant la vigile pascale, les catéchumènes sont incorporés au peuple de Dieu par le baptême, la confirmation et l’eucharistie.
Le catéchuménat se clôture réellement par le temps de la mystagogie et du néophytat. Les jeunes baptisés (les néophytes, c’est à dire les ‘jeunes pousses’) sont épaulés jusqu’à la Pentecôte par la communauté. La mystagogie (action de conduire l’initié) permet de réaliser une sorte de debriefing sur le parcours du catéchumène et de revenir sur la signification des rites vécus. Cette période est très courte puisqu’elle ne dure qu’une semaine dite ‘in albis’.
Après quoi, place à l’aventure de la foi qui continue bien au-delà!
« D’aucuns aiment dire, et ils ont raison, que le catéchuménat ne vise pas à faire des baptisés, mais des chrétiens… », rappelle ainsi Olivier Windels, avant de conclure: « Puisse leur chemin se poursuivre dans la joie! »
Sophie DELHALLE
Toutes les infos pratiques sur le site www.baptemeadulte.be
De plus en plus de catéchumènes!
Les statistiques récoltées pour ces dix dernières années dans tous les diocèses belges par la CIC (Commission interdiocésaine de la catéchèse et du catéchuménat) montrent clairement une courbe ascendante du nombre d’adultes baptisés. Les diocèses de Bruxelles et Tournai enregistrent des chiffres particulièrement importants. Pour Bruxelles, cela s’explique par le caractère urbain et multiculturel du vicariat, mais surtout par le renouvellement de la catéchèse, depuis trois ans, réorientée vers l’accueil et l’accompagnement des nouveaux chrétiens. Les baptisés sont majoritairement issus de la tranche d’âge 25-35 ans; ces jeunes adultes sont issus de familles non pratiquantes qui ont choisi de ne pas baptiser leurs enfants. A l’heure de s’engager dans une vie conjugale et familiale, ils souhaitent offrir à leurs propres enfants un cadre de vie en Eglise dont ils ont été eux-mêmes éloignés. Le diocèse de Tournai est également mu par une dynamique d’accueil bienveillante (peu importe l’issue du chemin) qui attire les candidats de tous horizons de 14 à 45 ans; en effet, les adolescents sont intégrés dans le processus catéchuménal avec les adultes, ce qui explique, en partie, le nombre élevé de baptisés.
Par contre, ces statistiques ne permettent pas de confirmer un « effet pape François ».