En ce 1er mars, l’Eglise célèbre l’entrée en carême par le Mercredi des cendres. Quarante jours pour suivre Jésus au désert, pour y rencontrer Dieu et faire place à l’autre, inaugurés par l’imposition des cendres. A quand remonte cette liturgie, et que signifie-t-elle?
« Souviens-toi que tu es poussière, et tu retourneras poussière« , prononce le prêtre en imposant les cendres aux fidèles, au cours d’une célébration. Ce geste rappelle au croyant l’humilité de sa condition humaine. En renonçant à l’orgueil, en reconnaissant que le sens de sa vie ne réside pas en lui-même, l’homme s’ouvre à Dieu qui l’appelle à une nouvelle vie qui est celle du Christ, dont on célébrera le mystère de la Pâque au terme des quarante jours de désert qui commencent aujourd’hui.
L’imposition des cendres a des origines bibliques très anciennes. C’était un signe de pénitence que l’on retrouve dans l’Ancien testament, notamment dans Josué 7,6, dans 2 Samuel 13, 19 et dans Ezéchiel 27,30. Il est à la fois signe de pénitence et de deuil. Lors du Mercredi des cendres, ce geste est accompli dans la perspective de la mort: c’est la poussière de la mort dont est marqué le fidèle. Ce geste des cendres prépare ainsi à une nouvelle naissance: celle que l’on exprime lors de la Veillée de Pâques, terme du cheminement du carême.
Depuis quand célèbre-t-on l’entrée en carême?
Les premières communautés chrétiennes observaient un jeûne absolu le vendredi et le samedi avant la Vigile pascale. Assez rapidement, on en vint à jeûner, moins rigoureusement toutefois, toute la semaine avant Pâques. « Depuis le lundi durant les jours de la Pâque, vous jeûnerez, et vous ne mangerez que du pain, du sel et de l’eau, à la neuvième heure jusqu’au jeudi« , indiquait la Didascalie des Apôtres, un ancien texte remontant au IIIe siècle. Le carême deviendra en quelque sorte l’extension d’un tel jeûne. Notons qu’en dehors du Temps pascal, les chrétiens jeûnaient tous les mercredis et vendredis.
Le temps du carême proprement dit, avec le jeûne qui le caractérise, semble remonter au IVe siècle, du moins à Rome. A la fin de l’Antiquité, il est rythmé par l’ultime étape de préparation des catéchumènes au baptême. Le Mercredi des cendres apparaîtra plus tard, quand le jeûne quadragésimal durera effectivement 40 jours, commençant alors le mercredi qui deviendra « Mercredi des cendres ». Il s’agit d’un rite qui – quoique pratiqué à titre privé par certains chrétiens de l’Antiquité – arrivera en Italie, en provenance de Rhénanie, au XIIe siècle, puis dans la liturgie pontificale au XIIIe siècle.
Quant au mot « carême », il vient de « Quadragesima », qui signifie « quarante », et fait donc référence aux quarante jours de préparation à Pâques. Si l’on tient compte du fait que les dimanches, jours de célébration de la résurrection de Jésus, ne sont pas compris dans le carême et que cette période s’arrête le matin du Jeudi-saint, elle comprend effectivement 40 jours.
La symbolique du chiffre quarante trouve son origine dans l’Ancien Testament. Ainsi, le peuple hébreu a séjourné quarante ans dans le désert avant d’atteindre la Terre promise. Avant d’accomplir sa mission, Jésus est resté 40 jours dans le désert. C’est un temps d’épreuve, où l’homme est confronté à la tentation, à lui-même, et est appelé à accueillir Dieu dans son existence, en rejetant les séductions génératrices de mort.
Mercredi des cendres à Rome
Le pape François se rendra, ce mercredi 1er mars à 16h30, sur la colline romaine de l’Aventin, pour la traditionnelle procession du Mercredi des cendres. La cérémonie débutera par une prière pénitentielle. Celle-ci se poursuivra par une litanie des saints tandis que le pape François, accompagné de prélats, de bénédictins, de dominicains et de quelques fidèles, se rendra en procession à la basilique Sainte-Sabine, située à proximité.
Le pape François présidera ensuite la messe des cendres vers 17h en la basilique Sainte-Sabine, au cours de laquelle il prononcera une homélie. Au cours de la célébration, le cardinal slovaque Jozef Tomko, titulaire de Sainte-Sabine, devrait lui imposer les cendres. Le pape les imposera à son tour à trois bénédictins, trois dominicains, deux personnes de l’Académie pontificale Cultorum martyrum et à une famille.
C.H., d’après cath.ch