‘Chez nous’, le dernier film de Lucas Belvaux a fait sensation avant même sa sortie. Dès la simple bande-annonce, des membres et dirigeants d’un parti politique en France y ont vu une attaque en règle contre celui-ci dans un climat préélectoral.
Chez nous, raconte l’histoire de Pauline (Emilie Dequenne), infirmière à domicile, entre Lens et Lille. Elle s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l’aiment et comptent sur elle. Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales.
Même si les signes, les noms, les symboles, certaines chevelures indiquent clairement qu’il s’agit bien d’un parti dont le nom tient en deux lettres qui est ici évoqué, le film est l’histoire de cette femme et non celle d’un parti.
Naïveté et abus de faiblesse
Belvaux se consacre donc à son héroïne, Pauline, sensible, dont le père est proche des idées communistes. Elle va se laisser flatter par des arguments séducteurs d’un médecin proche à défaut d’être ami au sens noble du terme. Flatter pour prendre dans ses rets. L’on peut faire référence ici à un passage du livre de Jérémie (XX, 7) dans la TOB: « Seigneur, tu as abusé de ma naïveté, oui, j’ai été bien naïf »! Il faut être deux pour être dupé, celui qui dupe et celui qui est dupé. C’est qu’il y a un terrain et un terreau préalables. Ici, en l’occurrence, chez la jeune infirmière qui est sensible au malheur des gens qu’elle rencontre au jour le jour. Il y a là comme une naïveté ‘saine’ voire ‘sainte’ de son côté. C’est de l’autre, du vis-à-vis que viendra l’abus, un « abus de faiblesse », sur le mode de la séduction.
Au-delà du film
Enfin, bien au-delà du cadre d’une prochaine élection présidentielle en France et de l’histoire de Pauline, le film a une résonance toute particulière au vu de l’évolution européenne, de l’emprise de partis de droite à tout le moins eurosceptiques, du Brexit et des premières mesures du Président Donald Trump!
Au service de ce film qui interpelle, notons les excellentes interprétations d’André Dussolier dans le rôle de Philippe Berthier (séducteur, un peu comme le serpent dans le récit de la Genèse!) et de Catherine Jacob, dans celui de Agnès Dorgelle, disons, blonde certes, mais résolument ‘bleue’ voire même plus ’marine’ que jamais!
Charles De CLERCQ-RCF, www.cinecure.be
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