Le weekend dernier, le pape François a reçu dans la salle Paul VI, 1.100 acteurs de l’Économie de Communion, rassemblés par le mouvement des Focolari et venant de 54 pays (dont quatre de Belgique) qui ont choisi la communion comme style de vie personnel et pour leur entreprise.
« Deux mots que la culture actuelle tient bien souvent séparés et considère souvent opposés. Deux mots que, au contraire, vous avez unis en répondant à la proposition que Chiara Lubich vous a adressée il y a 25 ans de cela, quand, face au scandale des inégalités à Sao Paulo au Brésil, elle a demandé aux entrepreneurs de devenir des acteurs de communion, les invitant à être créatifs, compétents, et pas seulement cela« , a rappelé le pape en guise de salutation aux 1.100 entrepreneurs, chercheurs et étudiants rassemblés pour fêter les 25 ans de l’Economie de Communion. « Depuis longtemps je suis sincèrement intéressé par votre projet« , avoue-t-il.
« Vous considérez l’entrepreneur comme un agent de communion. En insérant dans l’économie la bonne semence de la communion, vous avez amorcé un profond changement dans la façon de voir et de vivre l’entreprise. Non seulement l’entreprise peut ne pas détruire la communion entre les personnes mais elle peut la construire, la promouvoir. Par votre vie, vous démontrez qu’économie et communion deviennent encore plus belles quand elles marchent ensemble. L’économie s’en trouve plus belle assurément, mais également la communion, car la communion spirituelle des coeurs est encore plus pleine lorsqu’elle se fait communion des biens, des talents, des bénéfices« , a encore souligné le pape.
Soigner les victimes du système et édifier un système nouveau
Sa critique du capitalisme sauvage a été forte. « Quand vous partagez vos bénéfices, vous posez un acte hautement spirituel« , allant à l’encontre de la « déesse fortune ». Et encore : « Il faut chercher à changer les règles du système économique et social ». Reprenant la célèbre parabole où le Samaritain vient aider l’homme attaqué par les brigands, le pape souligne que, certes l’entrepreneur de communion se doit de « prendre en charge » les victimes du système, mais il importe d’y associer « également le marché, l’aubergiste« . « Il s’agit surtout, d’abord de […] combattre les structures de péché qui produisent brigands et victimes », a-t-il affirmé, soulignant que « si l’Economie de Communion veut être fidèle à son charisme, elle ne peut pas se limiter à soigner les victimes du système, mais elle doit édifier un système où les victimes seront toujours moins nombreuses, où des victimes il n’y en aura plus, si possible. Tant que l’économie produira ne fût-ce qu’une seule victime, tant qu’une seule personne sera mise à l’écart, la communion ne sera pas réalisée, la fête de la fraternité universelle ne sera pas complète ».
Le pape a conclu en invitant les entrepreneurs à être « levain dans la pâte pour faire lever le pain de beaucoup. Que le « Non » à une économie qui tue devienne un « Oui » à une économie qui fait vivre parce qu’elle partage, implique les pauvres, utilise les bénéfices pour créer la communion. »
Perspectives
Les entrepreneurs présents ont voulu remercier le pape François pour avoir mis en lumière dans son magistère et dans son action la dignité des pauvres et des exclus. Après lui avoir présenté quelques fruits de l’Économie de Communion, ils ont poursuivi leurs travaux jusqu’au 5 février. De nouveaux projets sont en cours de réalisation : un partenariat avec des organisations dans le domaine de l’économie sociale et civile, des laboratoires de formation pour entreprise « de communion », un Observatoire sur la Pauvreté qui recueillera les bonnes pratiques dans la lutte contre la pauvreté…
P.G./EdeC