Fra' Matthew Festing a démissionné ce 24 janvier de sa fonction de Grand maître de l'Ordre de Malte. Alors qu'il a été élu à vie à la tête de l'Ordre de Malte en 2008, il y renonce "à la demande du pape", précise-t-il.
Les dissensions se poursuivent entre le Saint-Siège et l’Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte, dont le siège est à Rome. Un mois après la suspension du grand chancelier Albrecht von Boeselager, le numéro 3 dans l'organisation internationale à caractère humanitaire, le pape François recevait le Grand Maître Fra'Matthew Festing mardi 24 janvier. A l'issue de cet entretien, le Britannique a indiqué à l'agence de presse Reuters remettre sa démission "à la demande du pape".
Constitutionnellement, le grand maître doit remettre sa démission au Conseil souverain de l'Ordre de Malte, son gouvernement, qui informera ensuite officiellement le Saint-Siège. Cette fonction de Souverain et Supérieur religieux avait été attribué à vie au Prince Matthew Festing, pour qu'il soit (selon les termes de la Constitution) "un modèle de droiture religieuse pour tous les autres membres". Jusqu’à l’élection d’un nouveau grand maître, l’Ordre, important acteur du monde humanitaire dont les origines remontent au XIe siècle, sera dirigé par son numéro 2, le grand commandeur, l’Autrichien Ludwig Hoffmann von Rumerstein, 80 ans.
Remous internes
Reprenons depuis le mois de décembre: Le Vatican avait annoncé, le 22 décembre, la décision du pape François d’ouvrir une enquête après la suspension de l’appartenance à l’Ordre de Malte – et donc de toutes ses responsabilités – du Grand Chancelier, Albrecht von Boeselager (Allemagne). Une commission de cinq membres est chargée de cette enquête. Ce groupe « faisant autorité » est composé de Mgr Silvano M. Tomasi, ancien représentant du Saint-Siège à l’ONU à Genève, du jésuite Gianfranco Ghirlanda, un canoniste, tous deux italiens, et de trois laïcs : Jacques de Liedekerke (Belgique), Marc Odendall (Genève) et Marwan Sehnaoui (Liban). Les membres sont chargés de "recueillir des éléments aptes à informer le Saint-Siège de manière complète et dans les meilleurs délais sur l’affaire qui a récemment concerné le Grand chancelier Albrecht von Boeselager", précise la note. Ce dernier a cessé d’occuper son poste le 8 décembre, après une procédure disciplinaire déclenchée à son encontre.
Dans un communiqué publié le 13 décembre dernier, le Grand Maître de l’Ordre, Fra’ Matthew Festing (Royaume-Uni), faisait état de « graves problèmes ayant eu lieu pendant le mandat de Boeselager en tant que Grand Hospitalier » de l’Ordre. Selon Fra’ Matthew Festing, une « situation extrêmement grave et insoutenable concernant la position d’Albrecht von Boeselager », avait exigé la démission du Grand Chancelier, « ministre des Affaires étrangères » et « ministre de l’Intérieur » de l’Ordre. Albrecht von Boeselager ayant refusé, une procédure disciplinaire a été lancée pour suspendre ses charges. Dans la foulée, le Souverain Conseil de l’Ordre hospitalier a nommé Fra’ John Edward Critien (Malte) Grand Chancelier par intérim.
Malgré ces différents événements, le Saint-Siège tient à réitérer "son soutien et ses encouragements pour le travail remarquable de l’Ordre Souverain Militaire de Malte que ses membres et ses bénévoles réalisent en diverses parties du monde". Il y a quelques jours, le Grand Maître demandait aussi au pape François sa "bénédiction pour l’Ordre souverain de Malte, ses 13.500 membres, et les 100.000 personnes de son personnel et de ses bénévoles qui continuent d’assurer une présence hospitalière permanente et efficace, dans plus de 120 pays dans le monde, en accord avec le charisme ancien de l’Ordre de Malte."
A.-F. de Beaudrap (avec la Croix et Zenit)