Dangereuses analogies


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Dangereuses analogies
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

jj-editoMême si dans son livre "Voyage au bout de la nuit", l’écrivain Louis-Ferdinand Céline écrit que "l’Histoire ne repasse pas les plats", il faut pourtant admettre que, parfois elle peut se répéter. Si c’est le cas, c’est souvent parce que l’on n’a pas tiré les leçons du passé. Certes, chaque époque a ses spécificités et son contexte; terreaux de l’émergence d’événements positifs comme négatifs. En réalité, il est impératif de revoir le passé à la lumière des situations de l’époque; éléments à prendre en compte si l’on veut comparer avec notre quotidien actuel, sans négliger aussi les évolutions apparues au fil des ans.

Aujourd’hui, il y a des similitudes qui m’inquiètent. Loin de moi l’idée de jouer les oiseaux de malheur. Mais, il y a des éléments actuels qui sont analogues à ceux constitutifs d’une période bien sombre que l’Europe et le monde ont traversée il y a plus de sept décennies. Précédé par une forte expansion économique et financière au cours des années 1920, un krach boursier a lieu en octobre 1929 qui plonge le monde dans la plus importante dépression économique du XXe siècle, accompagnée d’une explosion du chômage. Cela pousse alors les autorités à une profonde réforme des marchés financiers.

Au début des années 2000, après une forte période de reprise et de croissance boursière, éclate ce qu’on a appelé la "bulle internet", laquelle entraîne un ralentissement économique. Mais, dès 2007, la crise des "subprimes" provoque la crise bancaire et financière de l’automne 2008, entraînant les pays industrialisés en récession. Crise qui sera suivie par celle des dettes étatiques, amenant la Grèce, l’Espagne et le Portugal au bord de la faillite, et des plans d’austérité, sources d’accroissement de la pauvreté.

Durant les années qui suivirent la crise de 1929, plusieurs états européens fermèrent leurs frontières et opérèrent un véritable repli sur soi. Les uns après les autres, les territoires se sont fermés à l’immigration. Dans nos pays, comme aux Etats-Unis (qui furent d’ailleurs les premiers à fermer leurs portes aux migrants, dès la fin de la Première Guerre mondiale), on assiste à une montée inquiétante du rejet de l’autre et de la fermeture des frontières. Bien sûr, comparaison n’est pas raison. Mais ces ressemblances m’interpellent.

Force est de constater qu’après la victoire de Trump aux USA, on ne peut plus se contenter de fermer les yeux et d’espérer benoîtement que le nationalisme va disparaître. Si nous en arrivons à désespérer de changer le monde, en raccrochant nos espoirs à nos souvenirs, la dérive est à nos portes.

Jean-Jacques Durré
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