A l’occasion de sa première visite en France, le patriarche de Moscou, Kirill, a consacré dimanche la cathédrale orthodoxe russe de Paris. Coiffée des cinq bulbes dorés caractéristiques de l’architecture religieuse russe, cette église Sainte-Trinité fait partie du vaste Centre spirituel et culturel orthodoxe russe.
Cette cathédrale remplace la petite église des Trois-Saints-Docteurs et permettra désormais au Patriarcat de Moscou de bénéficier d’une meilleure visibilité dans le paysage complexe de l’orthodoxie en France, qui compte environ 400 000 fidèles, divisés entre plusieurs juridictions. Elle est située près du Quai Branly et sa construction, financée par la Fédération de Russie, a coûté entre 100 et 170 millions d’euros.
Kirill a effectué à cette occasion son premier séjour en France en tant que Patriarche de Moscou, neuf ans après son prédécesseur Alexis II. Lors de l’inauguration de la cathédrale, le 4 décembre, le Patriarche de Moscou a pu exprimer son attachement à la France et au dialogue entre les Églises.
Dans son entretien avec la maire de Paris Anne Hidalgo, présente à cette inauguration, il a exprimé son attachement aux échanges religieux entre la France et la Russie: « Lorsque ce sont des hommes politiques ou des hommes de sciences qui se rencontrent, c’est un échange plutôt intellectuel entre nos deux nations, quand ce sont des hommes d’affaires, ils parlent au niveau de l’estomac et du porte-monnaie, mais lorsque ce sont des traditions religieuses et spirituelles qui se rencontrent, c’est un échange au niveau du cœur, car ce sont les sentiments religieux, ainsi que la culture et l’art, qui nous permettent de comprendre, d’identifier l’âme d’un peuple », a expliqué le chef de l’Église orthodoxe russe.
Séance de rattrapage
Cette visite a aussi été l’occasion de retisser des liens entre Paris et Moscou et de « rattraper » l’inauguration ratée de la cathédrale orthodoxe, le 19 octobre dernier. Le Centre spirituel et culturel orthodoxe avait en effet ouvert ses portes en l’absence du chef de l’État russe, pourtant à l’origine du projet. En froid avec le gouvernement français depuis l’offensive controversée des forces russes en Syrie, Vladimir Poutine avait annulé sa venue en France au dernier moment.
Le chef de l’Église orthodoxe russe a ainsi participé à une série d’échanges avec les autorités françaises, en particulier avec le président de la République François Hollande, qui l’a reçu hier à l’Élysée. Selon le communiqué de l’Élysée, le Président de la République et le Patriarche Kirill ont évoqué la « responsabilité commune des dirigeants politiques et religieux à agir au service de la paix ». La situation en Syrie était aussi au cœur de cet entretien: le président français a rappelé « la relation particulière, fondée sur l’histoire, que la France entretient avec les chrétiens d’Orient ». François Hollande a exprimé au Patriarche « sa conviction que la préservation de la diversité religieuse au Moyen-Orient passe par la lutte contre les terrorismes et les intégrismes et par le règlement politique des crises qui traversent la région. »
P.G. (avec Radio Vatican)