Nicolas Fraisse, un Français d'une trentaine d'années, affirme que son esprit est capable de sortir de son corps, et ce depuis son enfance. Les expériences qu'il a décrites, et dont on trouve de nombreuses versions aujourd'hui, a fait l'objet d'une étude pendant 10 années, à Genève. Si les résultats de cette étude doivent être interprétés avec prudence, ils sont néanmoins susceptible de faire évoluer notre conception actuelle de la conscience, fortement marquée par une vision matérialiste de l'homme.
L'étude sur Nicolas Fraisse a été menée par deux chercheurs de l'Institut suisse des sciences noétiques (ISSNOE), Sylvie Dethiollaz, docteure en biologie moléculaire, et Claude Charles Fourrier, psychothérapeute. Deux types d'expérience ont été mené sur le "sujet". "Notre principal objectif était de vérifier la réalité des sorties hors du corps que Nicolas assurait pouvoir faire.", explique Sylvie Dethiollaz. "Nous voulions nous assurer qu'il ne s'agissait pas d'hallucinations. Pour cela, nous avons établi un protocole scientifique très strict, en double-aveugle, devant permettre de valider ces perceptions. Dans une première série de tests, débutés en 2007, Nicolas devait identifier des images projetées par un ordinateur, dans un endroit hors de son champ de vision. Fin 2008, 40 tests de la sorte avaient été réalisés. Nicolas avait réussi à "voir" 7 fois les images. Sur ces 7, toutes les réponses étaient bonnes. La réussite était donc de 100%."
"L'autre type d'expérience", continue Claude Charles Fourrier, "est arrivée un peu par hasard". "La Fondation Odier, qui nous finançait, voulait que nous réalisions d'autres tests pour vérifier les capacités de "clairvoyance" de Nicolas. Ces expériences-là nous paraissaient au premier abord moins intéressantes. Pourtant, ce sont celles qui ont apporté les résultats les plus probants. Et également au niveau spirituel, il s'est passé quelque chose de très fort lors de ces séances, qui nous a tous bouleversés. Cette expérience a fait appel à une autre faculté de Nicolas, qui lui était jusque-là inconnue, plus proche de ce qu'on appelle, dans un jargon un peu 'Nouvel Age', le 'channeling'. A sa grande surprise, et à la nôtre, il a 'entendu' d'une source extérieure indéfinie des informations sur le contenu des enveloppes. La probabilité obtenue, une chance sur 69 milliards de milliards de milliards que le résultat soit dû au hasard, a achevé de nous convaincre des capacités extrasensorielles de Nicolas."
Les tests menés sur Nicolas fraisse mettent dont en avant ce qu'on appelle des "états modifiés de conscience", qui échappent, presque par définition, à une appréhension objective. D'autant plus que l'on se trouve en rpésence de schémas qui sembent échapper aux perceptions sensorielles habituelles. "Tous les expérienceurs nous assurent en tout cas que, dans ces états de conscience, le mental fonctionne différemment", indique Sylvie Dethiollaz.
Des preuves de l'existence de l'âme?
Ce type de d'expériences vécues par un certain nombre de personnes posent régulièrement, à nouveau, la question de l'existence de l'âme, au sens d'un principe spirituel existant, d'une manière ou d'une autre, indépendamment du corps. Si les études sont menées sérieusement, il est impossible d'en déduire une certitude quant à l'existence (ou la nature) de ce que l'on appelle "âme" dans la tradition chrétienne, ou dans d'autres traditions spirituelles.
C'est ce que confirme Sylvie Dethiollaz. "Nous tenons à être parfaitement clairs et honnêtes: nous n'avons pas démontré scientifiquement quoique ce soit. Nous avons cependant mis en évidence que la conscience a des capacités beaucoup plus étendues que celles qui sont communément admises. Des facultés que la science actuelle ne peut pas expliquer. Nos expériences confirment qu'il est possible d'accéder à des informations sans passer par nos cinq sens. Selon le ressenti de nos "expérienceurs", il s’agirait parfois d’une délocalisation de la conscience. Mais nous laissons ce point-là à la subjectivité."
"Même si, au niveau personnel, nous sommes ouverts au concept d'âme,", poursuit Madame Dethiollaz, "ce mot a une connotation religieuse qui sort du cadre scientifique. Nous préférons parler, pour ce qui touche à ces phénomènes, de conscience. On ne peut donc pas parler de 'preuve' de l'existence de l''âme. Mais on peut parler d’un 'faisceau d'évidences' qui nous amène vers cette possibilité."
Quel impact les recherches de l'ISSNOE peuvent ils avoir sur le monde scientifique? A cette question, Claude Charles Fourrier répond: "De nombreux scientifiques auront sans nul doute beaucoup de mal à accepter nos conclusions. Bien que cela dépende de leur spécialité. Les neurologues sont en général extrêmement réfractaires. Les physiciens quantiques seront probablement plus ouverts."
Les deux chercheurs déclarent encore recevoir "des dizaines de demandes de personnes ayant des capacités hors normes, et qui voudraient qu'on les teste. Mais faute de moyens, nous ne pouvons le faire. Si nous avions autant de ressources que la recherche classique, nous pourrions sans aucun doute apporter des résultats qui remettraient totalement en cause notre conception actuelle de la conscience."
Allons-nous vers un nouveau paradigme sur la nature de la réalité? "Je pense en effet", déclare Sylvie Dethiollaz, "que le paradigme est tout de même en train de changer. Mais ce changement aura des répercussions tellement importantes qu’il va nécessiter beaucoup de temps. Il y a énormément de résistances. Car contrairement à ce que l'on voudrait faire croire, la science n'est ni neutre ni totalement objective. Elle est soumise à des "a priori", à des habitudes, à des egos et à des intérêts personnels."
Les résultats des neurosciences, qui vont dans le sens d'une vision matérialiste de l'homme, tendent à indiquer, pour faire court, que la pensée, les émotions, bref, la conscience, est un "produit" du cerveau. L'avenir nous dira si la réalité humaine est, en fait, plus complexe. Il en a toujours été ainsi dans l'Histoire de la connaissance et des sciences: si une théorie s'avère apporter une vision plus complète, plus cohérente et plus sensée de de la réalité, elle finira par être reconnue, malgré les résistances...
C.H. Source : cath.ch