Un nouveau décret wallon pour la dispersion des cendres funéraires


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Un nouveau décret wallon pour la dispersion des cendres funéraires
Par Pierre Granier
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

cendre-funeraireTrois députés régionaux viennent de déposer ensemble une proposition de décret améliorant le régime juridique de conservation des cendres funéraires à domicile.

Aussi outrageant que cela puisse paraître, il ne serait pas si rare que cela de retrouver, en Région wallonne, des urnes, et donc des cendres funéraires dans des… bennes à ordures, des parcs à conteneurs ou même… des brocantes! Des endroits complètement inappropriés et indignes pour des restes humains mais qui se justifieraient aujourd’hui par le très malencontreux flou d’un article du Code de la démocratie locale et de la décentralisation qui régit cette matière.
Certaines communes au sud du pays (cette matière est régionalisée depuis de nombreuses années) refusent en effet de permettre le passage de la conservation à domicile des cendres à une dispersion sur un terrain privé. Ces entités lisent l’article incriminé d’une façon sans doute quelque peu restrictive. Pour elles, la dispersion des cendres ne peut se réaliser qu’immédiatement après la crémation, le texte, pour être précis, parlant de dispersion «consécutivement» à la crémation. Soit, pour ces communes, sans le moindre délai après la crémation! Or, de nombreuses familles demandent à conserver l’urne funéraire à domicile pendant six mois, voire un an ou plus pour faire leur deuil. Mais elles sont ensuite dans l’incapacité - dans une lecture qui prête à confusion de l’adverbe «consécutivement» - de donner une destination finale aux cendres funéraires de leurs proches. Que ce soit pour une inhumation ou une dispersion sur un terrain public (concédé ou non) ou privé ou en mer, trois possibilités qu’offre le Code de la démocratie locale.

Sécurité et dignité

Pour modifier la législation aujourd’hui d’application en Wallonie et permettre d’assurer la dignité et le respect de ces cendres humaines, les députés carolorégiens Véronique Salvi (CDH), Graziana Trotta (PS) et Philippe Knaepen (MR) viennent de déposer ensemble une proposition de décret améliorant le régime juridique de conservation des cendres funéraires à domicile. Un texte guidé aussi par les préoccupations de la Fondation «Les Arbres du Souvenir» qui, sur une vaste parcelle boisée de l’entité de Fleurus, recueille depuis un an - une exclusivité en Région wallonne - des cendres funéraires.
Pour cadrer un peu l’importance de ce nouveau décret, quelques chiffres. Si, au début des années nonante, on totalisait en Région wallonne moins de 4.000 crémations par an, ce chiffre avait doublé en 2002 pour atteindre près de 15.000 crémations l’an dernier! Afin de permettre que les cendres funéraires aient une destination finale sécurisée et digne, les trois députés wallons, outre l’indispensable rectificatif de l’article litigieux du Code de la démocratie locale, souhaitent l’introduction d’un nouveau document précisant la destination finale des cendres une fois mis un terme à la conservation de celles-ci à domicile.
Pour la député Véronique Salvi, «ce document, s’il ne protège pas contre tous les abus, aura au moins un double effet: la famille connaîtra la volonté du défunt, ce qui n’est pas toujours le cas quand les urnes passent d’un descendant à l’autre et, d’autre part, le document permettra à la commune d’avoir une information sur les restes humains qui ne sont ni dispersés ni inhumés au cimetière.»
Outre le rectificatif sémantique et le nouveau document, l’article unique du nouveau décret demande que l’urne utilisée lors d’une inhumation en pleine-terre soit biodégradable. «Cela permet de diminuer la pollution des sols - un enjeu important dans la gestion des cimetières - et de respecter davantage l’environnement», note le député Knaepen.

La proposition de décret sera débattue en séance publique au Parlement Wallon le 9 novembre prochain.

Hugo Leblud

Catégorie : Belgique

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