Ce titre vous surprend sans doute. Oui, le pape est catholique et porteur de la Bonne Nouvelle et des valeurs qu’elle porte. Si j’ai volontairement pris ce titre un peu « malicieux », c’est avant tout pour le rappeler à ceux et celles qui s’étonnent des propos du souverain pontife lorsqu’il rappelle des principes essentiels de la doctrine chrétienne. François est un homme doté d’une grande expérience pastorale et, à ce titre, il connaît le monde avec ses malheurs, ses douleurs, ses situations d’exclusion, ses questions existentielles aussi.
Lors de son voyage en Géorgie, le pape a dénoncé une « guerre mondiale » contre le mariage, affirmant que la théorie du genre était insidieusement enseignée dans les manuels scolaires chez nos voisins français. Le souverain pontife juge inacceptable cette doctrine visant à expliquer la construction de l’identité sexuelle à partir de facteurs non-biologiques. Des propos qui ont immédiatement enflammé l’Hexagone et fait réagir la ministre française de l’Education, la très laïque Najat Vallaud-Belkacem. Elle a répliqué qu’il n’en était rien, que « le pape ferait mieux de se renseigner ou d’être mieux informé » et que « par ailleurs, cette théorie du genre n’existe pas« . C’est là un mensonge. Non seulement, d’après plusieurs enseignants de primaire en France, cette théorie est bien enseignée, mais, selon le professeur d’histoire et auteur Vincent Badré, « la théorie du genre est bien présente dans les manuels scolaires français« . Si cette théorie n’existe pas, pourquoi a-t-elle fait l’objet de débats au Parlement européen? En juin 2015, la commission des droits de la femme du Parlement européen a adopté le rapport Rodrigues sur l’idéologie du genre et l’éducation. Même le Conseil de l’Europe s’est emparé du sujet.
Mais ce n’est pas le propos de cet éditorial. Le rôle de l’Eglise, et donc du pape, est de rappeler les valeurs essentielles qui sont les siennes et celles des fidèles: la défense de la vie, de la conception à la mort, la beauté de l’amour humain et du mariage, gage de confiance entre deux êtres humains, la famille… Mais ce qu’oublient trop souvent les détracteurs de François – est-ce seulement un oubli? – ce sont ses paroles sur l’importance pour l’Eglise d’accueillir tout le monde, de ne pas juger, mais d’accompagner. Son rôle aussi d’être à l’écoute et aux côtés de ceux qui souffrent. C’est là que réside la beauté du message d’amour de l’Evangile. Jésus n’a pas fait autrement. Comme le dit Mme Vallaud-Belkacem, il vaut parfois mieux se renseigner…
Jean-Jacques Durré
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