Ce mot en majuscules est devenu le leitmotiv de pratiquement tous les gouvernements en Europe. Chez nous, le week-end dernier, l’équipe de Charles Michel a finalement réussi à boucler son budget, qui porte comme sceau ce même mot. Depuis la crise financière et bancaire de 2008, suivie par celle de la dette des Etats, la chasse aux économies est ouverte. C’est en soi une bonne chose. La rigueur budgétaire est affaire de bonne gestion. Dans le passé, la gabegie des Etats a été telle que nous en payons encore aujourd’hui le prix. Toutefois, la question est de savoir si le délai imposé par l’Union européenne pour revenir dans les lignes de déficit budgétaire définies par le Traité de Maastricht est, lui, raisonnable. A l’analyse, vouloir à tout prix revenir rapidement dans ces limites se révèle être un facteur de création de précarité. En Belgique, 1 travailleur sur 7 vit en-dessous du seuil de pauvreté. Un travailleur, pas un demandeur d’emploi! De même, il faut rappeler que, selon l’Unicef, notre pays a le triste privilège de présenter l’un des taux de pauvreté infantile les plus hauts en Europe, tandis que 40% des travailleurs parviennent à peine à nouer les deux bouts et 29% présentent un risque de basculement dans la précarité (*).
Faut-il aussi rappeler les dégâts sociaux causés par les exigences imposées à la Grèce pour apurer sa dette? On a vu, il y a peu, des retraités descendre dans la rue et se heurter violemment aux forces de l’ordre pour protester contre le rabotage de leur pension au demeurant déjà modeste. Qu’on ne se trompe pas, tous les Etats de l’Union européenne, à des degrés divers, sont logés à la même enseigne. Sauf que notre plat pays est l’un des seuls à présenter un taux d’inflation élevé: il devrait atteindre 2% en 2016 selon les statistiques fédérales (sur base mensuelle) contre une prévision de… 0,03% en moyenne pour la zone euro! En clair, le coût de la vie augmente chez nous, alors qu’il stagne ailleurs. C’est la conséquence notamment, des augmentations des taxes et accises sur divers produits.
Poursuivre le retour à l’équilibre budgétaire est essentiel. Mais, parallèlement se battre contre cette pauvreté doit aussi être une priorité stratégique, en essayant de ne laisser personne au bord de la route. Nous pourrons alors écrire: H-U-M-A-N-I-T-É comme titre de nos actions politiques.
(*) Selon une étude Solidaris-RTLINFO-Le Soir
Jean-Jacques DurrÉ
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