L’Abbé Jean-Pierre Pire, qui vient d’être nommé doyen de Liège, a eu la joie de présider cette année la messe en Wallon ce lundi 15 août en Outremeuse. Le célébrant s’est montré réaliste mais surtout résolument optimiste dans un contexte mondial de violences, de peur, d’angoisses, de misère à nos portes. « Il faut croire en l’homme » a-t-il rappelé.
La foule était au rendez-vous sous un soleil radieux. Une messe fédératrice, toutes les confessions, philosophies ou opinions, jeunes, moins jeunes étaient représentées. En français par le Vicaire général Alphonse Borras, en wallon par l’Abbé Jean-Pierre Pire. Marie à l’honneur, célébrée et vénérée pour cette journée dédiée à la Mère de Jésus, Marie, symbole de Miséricorde.
Et pourtant, il n’était pas facile de parler de paix, d’amour du prochain, de bonne nouvelle, de pardon. L’année a été et est encore secouée par de nombreux événements tragiques aux quatre coins du monde. Le doyen de Liège, Jean-Pierre Pire, n’a d’ailleurs pas mâché ses mots : forts, durs, touchants, bouleversants.
Etty Hillesum, un indéfectible amour pour la vie
Le célébrant a cité Etty Hillesum, cette jeune juive hollandaise qui avait décidé, pendant la seconde guerre mondiale, d’entrer de son plein gré dans le camp de concentration de Westerbork pour accompagner ses frères et sœurs de race. Elle gardera jusqu’au bout son indéfectible amour de la vie et sa foi inébranlable en l’être humain, alors même qu’elle le voit journellement accomplir ses crimes parmi les plus odieux
Pendant son homélie Jean-Pierre Pire a lu : « Elle écrivait ceci en 1943 : La saloperie des autres est aussi en nous. Et je ne vois pas d’autre solution, vraiment aucune autre solution que de rentrer en soi-même et d’extirper de son âme toute cette pourriture. Je ne crois plus que nous puissions corriger quoi que ce soit dans le monde extérieur que nous n’ayons d’abord corrigé en nous. L’unique leçon de cette guerre est de nous avoir appris à chercher en nous-mêmes et pas ailleurs. »
« Ne pas oublier les horreurs mais aller à la rencontre de l’autre ! »
Et Jean-Pierre Pire de conclure: « La fête, celle d’aujourd’hui comme toutes les autres, nous plonge dans une ambiance différente des autres jours, non pas pour oublier ses peines et toutes les horreurs de notre monde, mais surtout pour aller à la rencontre de l’autre et prendre le temps de l’écouter et de lui parler. Profitez bien de ce jour qui vous est donné pour croire en l’homme ! Notre bon pape François nous le rappelle bien souvent. Et ne vous laissez pas démonter par vos peurs, vos angoisses, votre désarroi ! N’allez pas vous jeter dans la Meuse ! Bonne fête à tous et à toutes ! Et vive sainte Marie ! »
Textes : C. J. – P. B.; Photos : P. Baldelli