A l’occasion d’une conférence organisée en décentralisation par les Grandes Conférences Catholiques à la cathédrale Saint-Paul de Liège ce 24 mai, le cardinal Oscar Maradiaga (Tegucigalpa, Honduras) a rencontré la presse.
Le cardinal Maradiaga est salésien. Psychologue de formation, il a été président de la conférence des Eveques d’Amérique Latine (CELAM) de 1995 à 1999. A ce titre, il a été très proche de Jorge Bergoglio, le futur Pape François. L’Exhortation apostolique "Evangelii Gaudium" a pris naissance dans ce contexte. L’Exhortation est remplie de citations datant de cette époque où le Pape lui-même siégeait au Celam. En 2001, il est le premier cardinal de son pays. En 2007, le Pape le nomme Président de Caritas Internationalis. La problématique des réfugiés et des migrants lui est très proche. Ainsi, il a salué les gestes prophétiques du pape François se rendant à Lampedusa, et tout récemment à Lesbos, ramenant de plus à Rome 12 réfugiés. "Pour François, les gestes sont plus importants que les paroles", précise le cardinal Maradiaga qui souligne les quatre orientations principales du Pape pour l’Eglise : elle doit être samaritaine, missionnaire, synodale et évangélisatrice.
Des changements dans l'air
Appelé comme modérateur au C9, le "conseil de la couronne" comme disait le cardinal Danneels, Mgr Maradiaga est très proche du pape François, et si même au C9 tout le monde n’est pas du même avis, tous les avis peuvent être partagés, et il n’y a pas de tabou. Pour le dossier de la réforme de la Curie, les choses évoluent en regroupement de différents dicastères, pour la Charité, pour les Médias, pour la Famille, et de nouvelles nominations de "préfets" se préparent, et il n’exclut pas que des laïcs puissent être nommés au plus haut niveau. "Pourquoi pas un couple marié responsable du dicastère de la famille", dit-il en souriant. Il reconnait toutefois qu’ "au sein de la Curie, des mentalités doivent encore changer, nous devons tous nous convertir et nous interroger", d’autant que le cléricalisme risque d’être un danger quand la très grande majorité de l’Eglise est composée de laïcs. Et la Curie doit être au service de toute l’Eglise et non uniquement du Pape. Les fonctions de responsables devraient recevoir un mandat de cinq ans, et être suivis d’un retour dans le pays d’origine des prélats… "On est là pour servir et non pour faire carrière !"
La gestion financière de l’IOR, du Conseil pour l’économie, du Gouvernorat sont des choses importantes, et il faut poursuivre les clarifications, la transparence et nettoyer ce qui doit l’être. Et le cardinal Pell chargé de missions difficiles doit "continuer à mettre de l’ordre".
D'après le cardinal, le prochain synode pourrait être consacré à la collégialité, ou à la jeunesse, à la doctrine sociale de l’Eglise ou encore au ministère du prêtre. Mais il précise que le Pape n’a pas encore fait son choix.
Une réconciliation avec les "lefebvristes"?
Au Vatican, le climat a changé. Le pape François y vit dans une grande simplicité. Les audiences sont nombreuses et longues en raison des rencontres. Mais le cardinal Maradiaga ressent surtout le Pape comme un homme qui vit sa journée "ancré dans la prière".
Le Pape a aussi reçu récemment Mgr Fellay de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX). Selon Oscar Maradiaga, le pape François espère une réconciliation possible tout en étant intransigeant sur l’acceptation par la Fraternité du Concile Vatican II.
Mgr Maradiaga pense aussi que le Pape pourrait nommer de nouveaux cardinaux en novembre lors d’un consistoire. Aujourd’hui, il y a 114 cardinaux de moins de 80 ans. Il y a donc au moins 6 cardinaux à nommer, mais il pense qu’il y en aura d’avantage. Ce qui pourrait aussi ouvrir la voie à la nomination d’un nouveau cardinal belge qui aurait droit de vote lors d’un futur conclave. Une future nomination pour Mgr De Kesel ?
Répondant à un journaliste, le cardinal pense que le prochain pape ne sera pas non plus italien, voire européen, parce que la vitalité de l’Eglise est ailleurs… Il se réjouit de la mise en place d’une commission réfléchissant au diaconat des femmes, ce qui pourrait leur assurer une place plus importante dans l’Eglise. Rappelant le contexte historique, précisé récemment aussi par mgr Delville lors de l’annonce de la mise en place de cette commission, le cardinal y voit une véritable reconnaissance du service rendu par tant de femmes dans l’Eglise.
Le mot de la conclusion était clair: "Vivons la communion dans l’Eglise, et non l’uniformité, et dans la charité !"
Tommy Scholtes