Elu avec presque 60% des suffrages, le nouveau maire travailliste de Londres, Sadiq Khan (photo), a subi une étrange campagne de médisance de la part du camp adverse et de la presse internationale, basée essentiellement sur sa confession musulmane.
On a pu lire partout dans la presse étrangère, et particulièrement francophone, que l’identité religieuse du candidat du camp travailliste était mise en exergue plutôt que son programme pour Londres, ses valeurs et sa personnalité.
Pour bon nombre d’Anglais et de Londoniens, le nouvel édile est un père de famille et ancien avocat engagé dans les Droits de l’Homme, fils d’un chauffeur de bus pakistanais et élevé dans un HLM, supporter de Liverpool, féministe, musulman progressiste et politicien brillant défendant principalement la baisse des prix de l’immobilier dans la capitale britannique. La presse internationale, quant à elle, s’est fait écho des principaux arguments tirés par le candidat conservateur Zac Goldsmith et son camp. Des flèches essentiellement fondées sur l’appartenance au culte musulman et sur des supposées accointances avec des milieux terroristes islamistes qu’il aurait défendus comme avocat.
Le prétendant tory à la mairie londonienne a été même jusqu’à affirmer que le multiculturalisme posait problème au bon développement du vivre ensemble britannique.
Interrogé par le journal «Le Soir», Edouard Delruelle, philosophe, professeur à l’ULg et ancien directeur-adjoint du Centre d’Egalité des Chances, affirme que la "question musulmane" est aujourd’hui agitée de la même sorte que la "question juive" dans d’autres temps troubles. Pour l’expert, l’islam est devenu un sujet d’hystérie en Occident, particulièrement en France et en Belgique, suite aux attentats. On juge très vite un musulman en mettant l’accent sur sa religion, pour décider si c’est un "bon" ou un "mauvais" musulman.
Maxime de Kerchove
