Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, dyspraxie… Les parents sont de plus en plus nombreux à être confrontés aux troubles d’apprentissage de leur progéniture. Des fiches-outils pratiques viennent soutenir et renforcer les parents, ces premiers acteurs du terrain.
Et comme souvent, ce sont les gens les plus concernés qui font bouger les montagnes. Trucs et astuces sont précieux, voire indispensables, pour mémoriser les listes de mots qui paraissent sans fin ou les tables de multiplication qui reviennent incessamment. Alors, consciente que les parents qui veillent aux apprentissages de leurs enfants détiennent une mine de stratagèmes et de bons tuyaux, l’UFAPEC, l’Union Francophone des Associations de Parents de l’Enseignement Catholique, a réuni les acteurs concernés autour d’ateliers thématiques, histoire de s’échanger ces filons.
« Un partenariat école-famille »
Une vingtaine de mamans participent à l’élaboration de la boîte à outils, sous la tutelle et la coordination d’Anne Floor de l’UFAPEC et d’Anne Demanet de l’APEDA, l’Association belge Pour les Enfants en Difficulté d’Apprentissage. Depuis près de trois ans, différents aspects ont ainsi été envisagés et développés, comme le journal de classe, l’utilisation du dictionnaire, les tables de multiplication, les grandeurs… « Ces outils doivent favoriser la relation avec les enseignants. Pour les parents d’enfants avec des troubles de l’apprentissage, il s’agit la plupart du temps d’un parcours du combattant, parce qu’il faut chaque fois réexpliquer la situation au nouvel enseignant. Et en secondaire, on multiplie le nombre d’interlocuteurs. Ces fiches aident les enseignants à comprendre ce que l’enfant vit et à adapter leur enseignement aux difficultés de celui-ci. Il ne faut pas être spécialiste du trouble pour comprendre les mises en œuvre conseillées. Il n’y a peut-être pas plus d’enfants aujourd’hui qu’hier, mais on détecte mieux les difficultés d’apprentissage et les parents y sont davantage attentifs. Les aménagements utiles pour la réussite du parcours scolaire ne doivent pas être laissés au libre choix des enseignants. Ça interroge les pratiques pédagogiques mises en place », précise Bernard Hubien, le secrétaire général de l’UFAPEC. « Pour des parents, il n’est pas évident d’expliquer les aménagements requis en début d’année et d’avoir l’accord des enseignants, parce que c’est mettre l’enfant dans une situation où il pourrait être stigmatisé, alors que le jeune a besoin d’être considéré au même rang que les autres. Toutefois, l’aménagement des épreuves du CEB pour les enfants dyslexiques a produit un effet bénéfique pour tous les enfants, puisque l’aménagement a été intégré; on s’est rendu compte que cela aidait l’ensemble des enfants. C’est une demande qui est partie des enfants à besoin spécifique qui a un bénéfice sur l’ensemble ». A force d’être attentifs aux besoins spécifiques, certains établissements scolaires en sont arrivés à redouter d’être catégorisés comme des écoles spécialisées pour enfants avec des troubles de l’apprentissage. Or, ce qu’il faut, « c’est une école ordinaire pour des enfants ordinaires, dont certains ont des troubles. Les aménagements ne sont pas des privilèges, mais ils permettent la réussite scolaire des enfants ».
Un libre accès aux fiches
Dans leur scolarité, ces élèves DYS, TDA/H, HP ou Asperger partagent un triste point commun: celui de « déceptions immenses, de moments où on ne tient pas compte de leurs difficultés. Tous ces enfants doivent porter des catégorisations dont ils sont victimes, alors que la plupart du temps, ils ont une claire conscience de leurs troubles et de leurs besoins pour réussir. Ils présentent ceci d’identique, c’est qu’ils répondent vraiment à la difficulté. Ces enfants ont une capacité d’adaptation très forte, parce qu’ils ont appris dès leur plus jeune âge à se débrouiller dans le système scolaire pour arriver au mieux ». Bernard Hubien poursuit: « Les enseignants ne sont pas préparés à détecter les difficultés; aucun enseignant ne reçoit dans sa formation les outils pour détecter ce genre de difficultés ». L’une des clefs consisterait à informer les enseignants à la source, durant leurs études, afin qu’ils puissent « repérer les difficultés, les identifier, renvoyer à des professionnels, mettre en place des processus pédagogiques qui intègrent les aménagements nécessaires ». Plutôt que de tirer des plans sur la comète, l’invitation est lancée aux parents qui le souhaiteraient de se joindre aux rencontres « des regroupements thématiques sur les besoins spécifiques »… Et pour les autres, tous les autres, le matériel est en accès direct et gratuit sur le site Internet de l’UFAPEC: www.ufapec.be
Angélique TASIAUX